Notre Président de la République, Emmanuel Macron, a tenu à faire savoir par le service de communication de l’Élysée qu’il avait eu, entre décembre 2021 et mars 2022, pas moins de 13 entretiens téléphoniques avec son homologue russe Vladimir Poutine. Cela n’a pas empêché ce dernier d’envoyer, le 24 février, son armée envahir l’Ukraine. Pendant cette période, qu’a donc fait concrètement le président Français ? Rien pour les Ukrainiens qui ont inventé en son (dés)honneur le mot « macroner : se montrer très inquiet d’une situation mais ne rien faire, en fait » selon la définition largement diffusée sur la messagerie Telegram.
Le terme est désobligeant mais il repose sur une part de réalité : combien de fois un sujet, un problème revenant régulièrement au premier plan ont-ils été traités au moyen d’une mission d’étude produisant un rapport traduit partiellement dans une expérimentation suivie d’un rapport conduisant à une loi de mesurettes sans ambition ni impact qui n’est finalement pas appliquée ? Tel fut le sort de la situation des enfants et jeunes confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance, de l’accès au logement, du harcèlement et des violences faites aux femmes, de la pollution atmosphérique et de celle des sols par les produits employés par l’industrie agricole, de l’autonomie et dépendance des personnes âgées, de l’école inclusive, de l’accessibilité numérique, parmi bien d’autres.
Par exemple, la loi du 7 février 2022 relative à la protection des enfants constitue une série de mesurettes qui viennent corriger des déviances et lacunes administratives ou d’organismes publics, bien éloignées d’une « Stratégie nationale de prévention et de protection de l’enfance. » Est-ce pour cela que le secrétaire d’État qui l’a portée, Adrien Taquet, abandonnera la vie politique à la faveur de la nomination du prochain gouvernement ? Autre partant, Cédric O en charge du numérique : il aura passé son temps à brasser autant de paroles que d’air, parvenant à force d’inertie à faire régresser l’accessibilité numérique dont il a fini par se débarrasser à l’occasion de la nomination du gouvernement Castex.
Le macronnage aura également marqué le chantier de création du 5e risque Autonomie de protection sociale. Si cette branche de Sécurité Sociale a été créée, c’est à la faveur de la loi de financement pour 2021 mais pas d’une loi cadre ou d’orientation : le devenir de ce « risque » dépendra du bon vouloir de Macron II et de ses ministres. Pendant qu’ils occuperont l’opinion publique en discourant sur le vieillissement de la population qu’il faut maintenir à domicile en proposant les personnels et aides nécessaires, les personnes concernées continueront encore longtemps à espérer vivre dignement chez elles. Du moins celles qui ne seront pas mortes au travail du fait d’un âge de la retraite repoussé à 65 ans par pure idéologie comptable. C’est cela aussi, macroner.
Laurent Lejard, mai 2022.