Liberté bridée, Égalité bafouée, Fraternité désagrégée, nous dénonçons la limitation des droits civiques des citoyens en situation de handicap et des aidants. Nous dressons un constat que nous qualifions de double peine ; le Handicap est la partie émergée des inégalités en France et nous demandons que ce domaine occupe une place centrale dans l’action publique. Nous regrettons que les nombreuses recommandations successives des institutions internationales restent lettre morte. Selon le communiqué de l’ONU du 23 août 2021, « La France n’a pas encore intégré l’approche du handicap fondée sur les droits de l’homme, regrette le Comité des droits des personnes handicapées. » Une situation préoccupante pour la patrie des droits de l’Homme qui est très loin d’être un modèle d’exemplarité en matière de société inclusive et d’accessibilité universelle.
Nous demandons que les grands discours et les promesses de campagne se transforment en actes concrets et mesurables. Nous apprécierons, et les personnes concernées encore plus, le fait que ces actes ne soient plus utilisés à des fins électorales ou politiciennes. Le vote de la déconjugalisation de l’Allocation Adulte Handicapé n’en n’est qu’un sombre et triste reflet.
C’est avec une détermination sans faille que nous prônons une politique publique inclusive et universelle, pour lutter efficacement contre toute forme de discrimination et d’inégalité. Une société inclusive doit impérativement intégrer la question du handicap de manière transverse dans les différents sujets de société : la discrimination, l’éducation, l’emploi, le logement, la mobilité, la santé, les loisirs, la culture…
Nous ne devons pas oublier ou laisser sur le bord du chemin les 11 millions d’aidants qui méritent un vrai statut. Cette reconnaissance de la Nation devient une nécessité à l’heure où notre société doit faire face à une importante crise économique et à une inflation qui ne cesse d’augmenter.
L’inclusion sociale et sociétale des 12 millions de personnes en situation de handicap doit être une priorité pour lutter efficacement contre les préjugés et les discriminations. Depuis 5 années consécutives, le handicap est le 1er motif de discrimination en France comme l’atteste le dernier rapport annuel d’activité de la Défenseure des Droits. Nous souhaitons que des efforts supplémentaires soient engagés en matière de campagne de sensibilisation et d’information.
L’Organisation des Nations-Unies s’inquiète de la situation des enfants placés dans les établissements médico-sociaux et sur le fait qu’ils ne bénéficient pas d’« un enseignement de qualité sur la base de l’égalité avec les autres. D’après des estimations non officielles, il y aurait, en France, 12.000 enfants dits sans solution et jusqu’à 40.000 élèves autistes qui ne reçoivent aucune instruction. Cette situation est inacceptable compte tenu du niveau de richesse et des moyens de la France. » Comme l’ONU et la Défenseure des Droits, nous déplorons l’absence d’études précises sur le nombre d’enfants en situation de handicap privés d’enseignement et nous réclamons des données quant à la situation des élèves sans solutions éducatives.
Nous trouvons inacceptable que des enfants en situation de handicap doivent également faire face à plusieurs formes de discrimination. A chaque rentrée scolaire des milliers d’élèves en situation de handicap sont privés d’école ou se retrouvent que partiellement scolarisé, sans véritable solution tant pour les enfants eux-mêmes que pour les parents. De plus, des études nous démontrent que les élèves en situation de handicap ont un risque accru d’environ 30% d’être victime de harcèlement par rapport aux autres élèves. Au vu de cette situation, nous exigeons que les mesures mises en place soient amplifiées et nous proposons la création d’une Charte de l’école inclusive.
Nous attirons l’attention du Président de la République et de son Gouvernement sur notre volonté de créer une Charte de l’école inclusive qui porte l’ambition d’un projet global et sa co-conception devra être réalisée de concert avec l’ensemble des acteurs, y compris les élèves en situation de handicap et les parents d’élèves en situation de handicap, symbole d’une société inclusive.
Brigitte Lantz, Secrétaire Générale de la Fondation du Rein – Caroline Lubrez, Conseillère régionale de la Région Hauts de France – Béatrice Berteaux, Adjointe au Maire de Saint Quentin, en charge de la Santé – Sophie Charlotte Debadier, Adjointe au Maire de Paris 8eme, déléguée au Handicap et aux Affaires Sociales – Jérémy Liévin, Chargé de développement dans le milieu associatif, Jacques Cattin, Conseiller régional de la Région Grand-Est, ancien Député du Haut-Rhin, Collectif des Aidants de Nous France, décembre 2022