C’est peu dire que les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris ont été, et sont encore, pollués par les interventions démagogiques et mensongères des politiciens qui dirigent la ville de Paris, la région Île-de-France et le pays. Chacun s’est fendu de discours exagérant considérablement le peu qu’ils ont fait à l’occasion de ces événements mondiaux en faveur de l’accessibilité du cadre bâti, de la voirie et des transports (lire ce Flop), et annoncé leur volonté de poursuivre l’effort après ces grands spectacles sportifs. Avec le démontage des stades provisoires et le retour à la vie normale, il est plus que probable que tout cela soit rapidement oublié et que nos politiciens passent à autre chose. Ne resteront guère à Paris que les anneaux olympiques dans le ventre de la Tour Eiffel, et peut-être le fameux chaudron montgolfière. Mais aucun autre héritage important, le seul équipement nouveau étant une salle de sport porte de la Chapelle déjà attribuée à un club de basket professionnel.
L’autorité organisatrice de transports Île-de-France Mobilités ne laissera également rien en héritage : tous les travaux d’accessibilité des gares RER et Transilien étaient déjà prévus par le schéma directeur des transports dont l’objectif de 268 gares accessibles à fin 2024 ne sera d’ailleurs pas tenu, il n’y en aura que 240. Malgré cet écart négatif de 12%, sa présidente, Valérie Pécresse, qui préside également la Région, a lancé l’idée d’une mise en accessibilité sur 20 ans du métro dit historique pour la bagatelle chiffrée « à la louche » de 15 à 20 milliards d’euros. Si les observateurs ont largement commenté le chiffrage en proportion des publics concernés (familles, touristes, personnes à mobilité réduite), aucun n’a rappelé l’évaluation cinq fois inférieure effectuée il y a 15 ans alors que la région était gouvernée par la gauche. L’étude réalisée à l’époque n’est jamais sortie des tiroirs des décideurs qui ont alors décidé… de ne pas décider !
Sans rendre publique cette étude préliminaire, Mesdames Pécresse élue en 2015, et Guillouard, alors présidente de la RATP, ont attendu juillet 2019 pour proposer de lancer une nouvelle étude plus ciblée : évaluer la faisabilité de la ligne 6 partiellement aérienne et estimée plus aisément adaptable, et dans la foulée celle des autres lignes pour 5 milliards au minimum. Elle proposait de répartir le financement entre la Région, Paris et l’État, avec comme réponse le silence des deux derniers. Pourtant la maire de Paris, Anne Hidalgo, s’était publiquement prononcée un an plus tôt en faveur d’une accessibilité partielle du métro ; toutefois son adjointe au handicap (Lamia El Aaraje qui espère succéder en 2026 à Madame Hidalgo) vient d’affirmer que la ville ne cofinancerait pas cette mise en accessibilité. Et on en arrive à un affrontement politicien sur le dos des citoyens les plus vulnérables, révèle France Info en évoquant une tentative de médiation émanant de l’APF France Handicap. Celle-ci a pourtant maintes fois affirmé que l’accès des personnes handicapées motrices dans le métro parisien n’était pas réalisable : la voilà qui embraye derrière les politiciennes pariso-franciliennes en signant avec elles un pacte qui n’engage à rien. Que ressortira-t-il finalement de ce coup de Pécresse ?
Laurent Lejard, septembre 2024.