Paris et sa région ont réussi la prouesse d’organiser les Jeux Olympiques et Paralympiques sans véritablement améliorer l’accessibilité aux visiteurs handicapés des transports collectifs et des Établissements Recevant du Public (ERP). Pour les premiers, aucun effort supplémentaire en dehors d’un service de navettes spécifiques, non pérennisé après les Jeux, et pour les seconds une incitation financière des propriétaires d’hôtels, cafés, restaurants et autres commerces. Cette incitation a pris la forme d’un Fonds territorial d’accessibilité de 100 millions d’euros annoncé le 2 octobre 2023 et lancé un mois après à grand renfort de communication par la ministre du Tourisme, Olivia Grégoire. Au moins 560.000 ERP ne seraient pas accessibles, le conditionnel étant de rigueur faute de recensement précis et de pilotage national de l’action en la matière.

Or il ne suffisait pas que le lancement de ce Fonds soit trop tardif pour produire des effets significatifs dès cet été, voilà que la ministre (démissionnaire) annonce que 536 demandes de subvention ont été déposées et moins de 2% des crédits consommés par les 150 dossiers retenus (pour 13.000€ en moyenne), 92 étant en cours d’instruction et 294 écartés (soit 55% d’inéligibilité!). Bref, ce Fonds territorial d’accessibilité ne fonctionne pas, et l’état des commerces, restaurants, cafés et hôtels n’évoluera que marginalement. La faute est partagée par le ministère de Madame Grégoire et les professionnels : le premier avait annoncé une priorité aux territoires accueillant les Jeux, les seconds ont logiquement déduit qu’ils n’auraient pas le temps, entre fin 2023 et juillet 2024, d’effectuer les aménagements nécessaires. Et comme, depuis les annonces de l’automne dernier, il n’y a pas eu de rappel, le Fonds territorial d’accessibilité apparait déjà mort et prochainement enterré. A moins que le ou la ministre succédant à Olivia Grégoire agisse vraiment. On peut toujours rêver…

Laurent Lejard, septembre 2024.

Ajout du 28 novembre 2024. Ce ne sont pas 100 millions d’euros, mais 20 millions de crédits de paiement qui étaient inscrits dans la loi de finances pour 2024.

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