25 millions de dollars à payer, et 25 autres millions en investissements et dédommagements. Telles sont les pénalités que la compagnie American Airlines a acceptées le 23 octobre dernier après négociation avec le ministère fédéral des Transports des États-Unis. Il faut préciser qu’il ne se passe pas de semaine sans que la presse de ce pays relate des errements dans l’assistance aux voyageurs handicapés, oubliés, maltraités, humiliés, mis en danger, et dont les rollators, fauteuils roulants ou autres engins de mobilité sont endommagés par négligence ou mauvaise volonté. En frappant là où ça fait mal, au portefeuille, le ministère dirigé par Pete Buttigieg inflige une sanction 25 fois plus élevée que la précédente. Et il a également élaboré de nouvelles règles techniques en faveur d’une accessibilité à un passager handicapé moteur et son aidant dans les toilettes de bord des avions monocouloir.

En France et dans toute l’Union Européenne, le paragraphe précédent tient de la science-fiction. Malgré un règlement européen qui oblige les compagnies aériennes à transporter et respecter les voyageurs handicapés, les incidents persistent mais les sanctions sont rares et tombent uniquement au terme d’une longue et coûteuse procédure en justice ; là, les plaignants reçoivent au mieux 2.000 à 2.500€ d’indemnisation alors que l’État empoche jusqu’à 70.000€ d’amende. Mais jamais notre ministère des Transports n’a engagé d’action à l’encontre des compagnies connues pour maltraiter leurs clients handicapés, dont Air France et easyJet pourtant multi-condamnées par la justice pénale depuis le début du siècle. Les préjudices des voyageurs handicapés maltraités, ou dont l’engin indispensable à leurs déplacements a été endommagé, ne sont jamais indemnisés à la hauteur des dépenses engagées et des séquelles subies. Alors on peut légitimement envier les Américains handicapés d’être protégés par leur Etat fédéral.

Laurent Lejard, novembre 2024.

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