La semaine a été agitée à l’Assemblée Nationale. Le 2 décembre, le Premier ministre a engagé la responsabilité de son Gouvernement sur le vote du projet de loi de financement de la Sécurité Sociale, et deux motions de censure ont été déposées par l’opposition de gauche et celle d’extrême-droite. Le lendemain 3 décembre, tard dans la nuit, la proposition de loi relative au remboursement intégral des fauteuils roulants sans prix limite de vente a été adoptée en première lecture à l’unanimité des 165 députés en séance, malgré l’opposition (molle) de la ministre déléguée aux Personnes handicapées, Charlotte Parmentier-Lecocq, s’en remettant à « la sagesse de l’Assemblée pour ce qui concerne le vote de la proposition de loi, comme je le ferai sur l’ensemble des amendements en discussion. » Moins de 24 heures plus tard, une large majorité de députés (331 sur 577) a censuré le Gouvernement dont le chef, Michel Barnier, a présenté sa démission au Président de la République, Emmanuel Macron. On ne sait pas encore ce que ce dernier va en faire, tant ses errements politiques ont surpris les citoyens dont 1 sur 6 lui accorde encore sa confiance. Lui qui voulait incarner le rempart contre l’extrême-droite en a fait l’arbitre de la politique du Gouvernement Barnier, approfondissant davantage une crise sans solution autre qu’un changement de politique basé sur la recherche de consensus.

Cette recherche, on l’a constatée mardi 3 décembre, journée internationale des Personnes handicapées. Les députés de l’Assemblée Nationale se sont accordés sur plusieurs textes de lois trans-partisanes, dont l’une visant à améliorer la protection et l’accompagnement des parents d’enfants atteints d’un cancer, d’une maladie grave ou d’un handicap, et l’autre portant sur le remboursement intégral des fauteuils roulants par l’Assurance maladie. La première l’a été avec l’accord du Gouvernement, la seconde à contrecoeur : il ne voulait pas de cette loi, et la ministre Charlotte Parmentier-Lecocq a tenté de la court-circuiter en annonçant, quelques jours avant son examen, la publication d’un décret fixant des prix limite de vente au-delà desquels aucun remboursement n’aurait été possible. La manoeuvre, approuvée de fait par l’APF France Handicap dans son communiqué du 28 novembre, a échoué ; abandonnant son soutien au travail accompli par le député paraplégique Sébastien Peytavie, elle se ralliait à la solution décret gouvernemental mais sans reste à charge, afin de se retrouver une nouvelle fois au centre des attentions. Qu’importe, ces péripéties montrent que les représentants du peuple que sont nos députés peuvent discuter et s’entendre au vu et au su de toute la population, alors que la ministre et les représentants associatifs ont préféré la négociation obscure d’arrière-cuisine. A y regarder de près, c’est tout à fait à l’image de ce qui a précipité la chute du Gouvernement minoritaire de Monsieur Barnier.

Laurent Lejard, décembre 2024.

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