Lors de ses voeux à la Nation du 31 décembre 2023, le président de la République affirmait que 2024 serait l’année « des progrès concrets pour l’égalité entre les femmes et les hommes, pour la petite enfance, pour nos compatriotes en situation de handicap. » Malheureusement, cela n’est pas arrivé, comme on pouvait s’y attendre.
2024 devait être l’« année de la détermination, de l’efficacité des résultats », promettait Emmanuel Macron, elle a été celle du désastre pour son camp politique à l’occasion de l’élection du Parlement Européen : l’extrême-droite Lepeno-Zemmourienne obtint 37% des suffrages, le président du Rassemblement National exigea la dissolution de l’Assemblée Nationale au soir du 9 juin, moins d’une heure plus tard le président de la République la lui offrait. Il aura fallu un front républicain pour empêcher ce parti néo-fasciste d’obtenir, quatre semaines plus tard, la majorité des sièges de députés. Depuis, il dicte ses volontés aux formations politiques de droite et centre-droit chargées de gouverner, alors que les citoyens ont donné une majorité relative aux partis de gauche unis dans le Nouveau Front Populaire. Avec comme conséquence une impasse politique conduisant à la chute du Gouvernement dirigé par Michel Barnier nommé le 21 septembre et censuré le 4 décembre, suivi de trois semaines de vacance puis de la nomination, le 23 décembre, d’un nouveau Gouvernement dirigé par François Bayrou auquel les observateurs prédisent qu’il ne passera pas l’hiver tant il multiplie les bévues avec le plus grand naturel. « L’efficacité des résultats » annoncée par le président de la République, c’est un pays sans lois de finances, politiquement et institutionnellement déstabilisé.
Autre prédiction présidentielle, « 2024, sera aussi une année de fierté française, sportive, puisque les Jeux Olympiques et Paralympiques seront chez nous […] bâtissant aussi pour notre Nation un héritage sportif. » C’est déjà raté : les clubs rencontrent des difficultés matérielles, faute de moyens supplémentaires, pour intégrer de nouveaux sportifs et cela ne s’arrangera pas en 2025 avec la baisse des subventions des collectivités locales résultant de la politique de rigueur lancée par le Gouvernement Barnier, nommé dès la fin des Jeux. De plus, le projet de budget du ministère des Sports perd 268 millions d’euros (dont 170 millions hors dépenses olympiques et paralympiques) soit 13% de baisse, l’objectif de former 3.000 clubs à l’accueil de pratiquants handicapés n’a été atteint qu’à 50%, et le plan Génération 2024 visant à financer des équipements sportifs de proximité n’a consommé que 4% de ses 100 millions de crédits.
La tenue des Jeux n’a entraîné aucune amélioration de l’accessibilité universelle, elle l’a même freinée du fait de l’orientation des budgets vers les chantiers des sites de compétitions. Comme héritage, il ne restera pendant une poignée d’années que 800 nouveaux taxis parisiens adaptés subventionnés et rien de plus pour les déplacements des personnes handicapées, toujours soumis aux ruptures, aux aléas, à l’organisation préalable obligatoire, comme si la loi du 11 février 2005 n’avait jamais existé. A cet égard, la suppression d’un ministère des Personnes handicapées montrait que tous les discours sur l’inclusion et le changement de regard tenus par les politiciens lors de la préparation et du déroulement des Jeux Paralympiques n’étaient qu’une parenthèse. En composant son Gouvernement, Michel Barnier a rattaché le handicap à l’autonomie, c’est-à-dire aux personnes âgées en perte d’autonomie, et le président de la République a accepté ce choix. Mais il n’y a pas que ces politiciens à avoir tourné la page : le Comité d’organisation a fait de même en publiant très vite un livre officiel des seuls Jeux Olympiques de Paris, omettant volontairement les Paralympiques ; oubliés le logo, l’emblème et l’équipe uniques, retour à la stricte différenciation.
Les politiciens au pouvoir et autres décideurs célébreront dans quelques semaines les vingt ans de la loi du 11 février 2005. On ne doute pas qu’ils sauront prodiguer de nouvelles promesses sur le thème de l’inclusion, du vivre ensemble et « demain, on rase gratis. »
Laurent Lejard, janvier 2025.