L’art contemporain s’expose à Dunkerque
Le Lieu d’Art et d’Action Contemporaine (Laac), ouvert en 1982, a une histoire singulière : l’industriel Gilbert Delaine déplorait de ne pas trouver d’art contemporain dans sa ville, il s’est constitué une collection en achetant directement aux artistes de la seconde moitié du XXe siècle, puis a annoncé au maire qu’il donnerait sa collection à Dunkerque si un musée était construit pour l’exposer. Chose faite dans un vaste bâtiment proche du canal et de la plage, aux allures de blockhaus tout carrelé de blanc; mais moult péripéties vont entraîner une longue période de fermeture de 1997 à 2005.
Depuis, la riche collection Delaine complétée par d’autres acquisitions donne à voir et comprendre des mouvements artistiques aussi intéressants que l’abstraction lyrique, les Nouveaux Réalistes, la figuration narrative, Supports/ Surfaces ou le mouvement Cobra. Ce dernier est d’ailleurs présenté jusqu’au 3 mars 2013, dans toutes les salles, pour une grande rétrospective. Si l’accessibilité fauteuil roulant du musée est quasi-parfaite, il convient d’en trouver la « bonne » entrée extérieure (avec stationnement réservé), rue Militaire, face au pont Lucien Lefol et de ne surtout pas suivre les panneaux « parking Laac »…
A l’intérieur, une rampe ceinture le vaste atrium mais on peut préférer l’ascenseur pour rejoindre l’étage. Les visiteurs sourds devraient profiter, en 2013, de trois visites en Langue des Signes Française destinées aux adultes, et d’ateliers artistiques pour les enfants. Le Laac envisage également un support multimédia de présentation du musée et de réaliser des artefacts pour les visiteurs déficients visuels, trois étant déjà disponibles (dont un reproduit la statue de Niki de Saint-Phalle qui trône dans l’atrium). La visite se poursuit dans le parc du musée, parsemé d’une vingtaine de sculptures en rapport avec Dunkerque, sur deux thèmes : la terre et la mer, la vie et la mort. Les personnes à mobilité réduite seront toutefois gênées par les pentes fortes et les sols empierrés de certains chemins.
L’univers s’ouvre à Cappelle-la-Grande
Depuis trois ans, le Palais de l’univers et des sciences (PLUS) explique à tous les publics, dans une exigeante vulgarisation scientifique, notre monde et son évolution. Une grande place est faite à l’astronomie et la connaissance de l’univers, à la planète Terre et son écologie, sans oublier la géologie et les paysages du Nord Pas-de-Calais. L’ambiance colorée et high-tech donne l’impression d’évoluer dans un monde de science-fiction, un décor très réussi pour une immersion ludique, tout en douceur, dans les mystères de la physique au fil des expériences auxquelles le visiteur est invité. Un planétarium et des observations astronomiques accessibles aux personnes handicapées motrices ouvrent le regard sur l’immensité qui nous entoure. Le PLUS accueille également des expositions temporaires provenant des autres centres de culture scientifique et technique, dont Paris La Villette, le Pavillon des sciences de Montbéliard, Le Vaisseau à Strasbourg, etc., dont certaines disposent de leur propre accessibilité culturelle. L’accueil des visiteurs déficients visuels est particulièrement soigné : guidage podotactile dans le hall et les salles, nombreux panneaux et cartels en braille et noir, avec éléments tactiles. Quelques films sont projetés avec interprétation LSF, des visites ponctuelles dans cette langue sont programmées. Le PLUS reçoit beaucoup de groupes constitués, scolaires notamment. Et la table à réglage électrique en hauteur du laboratoire a démontré sa grande utilité, bien au-delà des seules personnes en fauteuil roulant. L’ensemble constitue un modèle d’accessibilité universelle sur laquelle, curieusement, le site web du PLUS reste… muet !
Un Musée pour la Flandre
Installé dans la châtellenie de Cassel, entre Dunkerque et Lille, il raconte la Flandre à travers ses traditions populaires tel le Carnaval ou les Géants locaux (Reuze papa et Reuze maman), l’oeil des peintres flamands, les arts décoratifs, religieux et profanes depuis la fin du XVe siècle jusqu’à notre époque. Au fil du parcours, le visiteur découvre la splendeur du Cassel d’antan, dont a profité la châtellenie : lambris XVIIIe à rehauts bleus et dorures, portes à découpe en accolade, salle de la châtellenie à lambris et coffres d’archives des villages, salon d’honneur de l’ancienne mairie aux élégants murs bleus et blancs à piliers doriques… Le tout dans un très beau bâtiment de la Grand-Place à façade Renaissance, en briques et pierre, fenêtres à meneaux et sphinges sur le linteau de l’ancienne entrée, des grotesques en modillons saluant les visiteurs !
Le musée a rouvert en 2010 après 13 ans de travaux et une belle mise en accessibilité offrant à tous les visiteurs le même parcours. Précisons que le bâtiment épouse la pente du mont Cassel et qu’il a fallu rectifier les dénivelés. Les visiteurs déficients visuels découvrent le bâtiment au moyen de pupitres en bronze avec relief, braille et texte, détaillant les façades côtés rue et cour; dans les salles, ils disposent également de maquettes et représentations tactiles, certaines colorées pour que tous les visiteurs en profitent. Un guide multimédia contient toutes les visites : classique, contée, adaptée aux personnes déficientes visuelles, aux sourds avec Langue des Signes Française.
Pour l’accès de tous, une nouvelle entrée de plain-pied a été aménagée par l’ancienne porte cochère, avec emplacements de stationnement réservé proches. Ajoutez à cela des visites spécifiques pour groupes ou individuels de la collection permanente comme des expositions temporaires, et vous obtenez un musée qui porte haut l’accessibilité culturelle, même si ces efforts ont été retoqués pour le prix « Patrimoine pour tous » (comme d’ailleurs le PLUS de Capelle-la-Grande). Les Parisiens qui composent le jury auraient dû faire le voyage plutôt que de juger sur dossier…
Lille c’est Fantastic !
Les Lillois ont pris goût aux fêtes, expositions et performances en tous genres de Lille 2004 capitale européenne de la culture: après Europe XXL en 2009, ils retrouvent ce foisonnement bienvenu, placé jusqu’au 13 janvier 2013 sous le signe du fantastique. Outre de nombreux spectacles, installations urbaines et événements le temps de quelques jours ou d’un week-end, des expositions de grande qualité interrogent ou font « travailler » le visiteur. Par exemple Phantasia, au Tri postal, qui propose onze « ambiances » dont la Desperenza à base de zombies et cabinet de curiosité conçue par Théo Mercier, l’étonnant train lumière (« The tenth sentiment ») de Ryota Kuwakubo, les vêtements sonores et festifs de Nick Cave, la Chambre des murmures de Marnie Weber (que les amateurs de la série télévisée Twin Peaks devraient particulièrement apprécier), la Medusa’s first move The council dans laquelle Folkert de Jong donne une autre résonnance au célèbre radeau de la Méduse, sans oublier le monde oppressant de Børre Sæthre qui présente sa vision de la « Tarkin doctrine », ce règne de la terreur popularisé dans Star Wars…
Pour une approche plus ludique, en famille, la Gare Saint-Sauveur, propose des Fantastic Attractions : train-fantôme transformé par deux artistes, Sophie Perez et Xavier Boussiron (transfert nécessaire pour les personnes en fauteuil roulant), labyrinthe en rouleaux de carton de Michelangelo Pistoletto, un cocon perché en scotch à parcourir, des jeux de miroirs pour perdre ses repères, le tout sur fond de passages de trains fictifs ! Et le désormais fameux Hôtel Europa a rouvert ses chambres, consacrées cette fois à Méliès et au burlesque.
La plupart des lieux sont accessibles aux personnes handicapées motrices, et la médiation culturelle pour les publics déficients visuels, auditifs ou mentaux était en cours d’organisation à la mi-octobre, quelques jours après le lancement des événements. Une médiatrice réalise d’ores et déjà, sur demande auprès du service Réservation, des visites en Langue des Signes Française.
A noter que l’office de tourisme vient d’équiper son « City-tour » d’un autocar panoramique avec élévateur fauteuil roulant, pour une découverte en une heure du Vieux-Lille, du centre-ville et des quartiers modernes cernant la gare TGV. Rappelons enfin que l’Opéra de Lille ainsi que le Théâtre du Nord proposent plusieurs spectacles avec audiodescription, à découvrir sur ce panorama de début de saison.
L’art moderne s’invite à Villeneuve d’Ascq
Les trois lettres LaM recoupent le Lille Métropole Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut, rouvert en 2010 après quatre ans de rénovation et extension. A l’instar du Laac de Dunkerque, le LaM fut ouvert en 1983 pour exposer la collection que Roger Dutilleul et Jean Masurel avaient cédé à la Communauté urbaine de Lille. Les grands noms de l’art moderne ne manquent pas : Braque, Derain, Klee, Léger, Miró, Picasso, de Staël, Van Dongen… Mais c’est la découverte d’artistes d’Art brut peu connus du grand public qui vaut que l’on fasse le voyage. Pour cela, le musée propose un visioguide sur la collection permanente avec LSF sur les mêmes parcours que pour les entendants, organise des visites en LSF à la fois sur la collection permanente et les expositions temporaires, des visites tactiles ou autour d’une oeuvre pour les personnes déficientes visuelles (une trentaine de ces oeuvres ont été mises en relief par l’Esat Renaissance à Lille) en mixant les publics.
Pour répondre à la forte demande d’établissements de personnes handicapées mentales, une soixantaine d’actions spécifiques sont organisées dans l’année, démontrant que si l’art moderne peut nécessiter une bonne culture générale, une médiation adaptée le rend accessible à tous. Attention, si le parking avec places réservées est situé en hauteur, un autre emplacement de stationnement réservé est disponible à côté du mur d’enceinte en contrebas afin d’éviter la (très) longue rampe d’accès… A noter que dans le cadre de Lille Fantastic, le LaM présente jusqu’au 13 janvier 2013 une magnifique exposition La ville magique, qui donne à réfléchir sur l’environnement urbain, les névroses et psychoses qu’il peut engendrer sur l’homme qui s’adapte ou pas à la masse, pantin désincarné, collectivisé, entre Manhattan et Metropolis… L’exposition fait la part belle aux peintres et photographes surréalistes, à l’interprétation psychanalytique et symboliste, toutes choses qu’appréciera le public cultivé qu’elle vise.
Le Jacquard se tisse toujours à Roubaix
Dans l’ancienne Manufacture des Flandres, l’évolution du métier à tisser est montrée par l’exemple : toutes les machines exposées dans le musée du Jacquard fonctionnent, avec les aléas de maintenance habituels. Il reste d’ailleurs des filatures à Roubaix et sa proximité, quant au tricot il redevient tellement tendance que le « Gang des tricoteuses » est basé sur place ! La visite débute par le plus vieux métier à tisser présenté, daté du XIe siècle.
Au fil du parcours, on perçoit concrètement le lent mais constant perfectionnement technologique, de l’invention de la navette propulsée (XVIIIe siècle) aux premiers programmes par carton perforé, lointains ancêtres de nos ordinateurs, du métier Jacquard à 2.500 fils en 1820 à celui qui, en 1860, en compte 10.000 qui nécessitent un an de montage… On termine avec une machine Picanol à jet d’air qui propulse le fil à très haute vitesse, outil encore utilisé aujourd’hui en usine. Tout cela au son des machines, dans les odeurs de tissu et de graisse. Les visites sont guidées, avec démonstration de métiers à tisser. Si des visites « les yeux bandés » ont été organisées, il n’est pas proposé de parcours en LSF pour les personnes sourdes, mais le personnel adapte la visite à la demande. Stationnement réservé devant le portail.
Watteau et Carpeaux à Valenciennes
L’ancienne capitale du comté du Hainaut a vu naitre à 150 ans d’écart deux illustres artistes : le peintre Jean-Antoine Watteau et le sculpteur Jean-Baptiste Carpeaux. Leurs oeuvres sont très présentes au musée des Beaux-Arts de la ville, et ce sont les bustes souriants du second qui accueillent les visiteurs dans la vaste salle de sculptures. A découvrir également, une belle collection de peinture flamande, un Rubens grand format, quelques tableaux historiques, une galerie d’esquisses et de dessins de Carpeaux ainsi qu’une autre consacrée à Watteau.
Curieusement, le musée ne communique pas sur ses actions en direction des publics handicapés, alors même qu’il a développé en la matière une démarche assez volontaire, même si les visites en LSF ont été abandonnées faute de participants. Cet échec, que l’on espère provisoire, résulte en partie de ce que le musée s’adresse uniquement aux associations locales pour faire connaître son offre de visites adaptées et de médiation culturelle, oubliant qu’un handicap n’interdit pas de voyager ni d’être avide de connaissance…
Actuellement, le musée propose des visites tactiles aux groupes constitués, avec un parcours de sculptures à toucher de la série « Musée au bout des doigts », ainsi qu’un tableau mis en relief. Des ateliers sont organisés sur demande, un audioguide avec boucle magnétique est à la disposition des visiteurs malentendants appareillés. Les personnes en fauteuil roulant entrent par une porte du flanc droit du bâtiment, en appelant un agent d’accueil au moyen d’un interphone.
Découvrir la mine à Lewarde
Les terrils, monts noirs du Pas-de-Calais ont moins de trois siècles, création humaine résultant de l’extraction souterraine du charbon. Si cette exploitation a cessé depuis une vingtaine d’années (bien qu’il reste encore dans le sous-sol profond autant de charbon qu’il en a été extrait), la préservation de la mémoire de la mine a débuté dès les années 1970.
Pour l’exposer, le site de la fosse Delloye à Lewarde a été sélectionné pour accueillir un Centre Historique Minier qui, avec 150.000 visiteurs par an, est le premier d’Europe, classé à la fois monument historique et au patrimoine de l’humanité par l’Unesco. Au fil des bâtiments, le visiteur découvre l’histoire de l’exploitation charbonnière dans la région, l’évolution des dures conditions de travail des mineurs et la culture ouvrière qu’ils ont créée, la rationalisation industrielle et les techniques d’exploitation. Les visites des installations minières sont guidées, depuis la salle des pendus jusque dans une galerie de mine reconstituée qui montre les techniques et matériels d’extraction. Les personnes en fauteuil roulant ne peuvent emprunter l’ancienne passerelle des mineurs, seul lieu inaccessible du site. Les installations minières sont complétées d’un musée en visite libre évoquant la vie des mineurs, de leur famille, des confréries, des loisirs, etc.
Le CHM propose des actions de médiation depuis 2007 : audioguide, visioguide LSF couvrant tout le parcours et les expositions, personnel et anciens mineurs formés à l’accueil des personnes handicapées, deux médiateurs formés à la Langue des Signes Française, allongement du temps de visite pour les groupes de personnes handicapées, marquages pour personnes déficientes visuelles et maquette tactile du site minier, objets à hauteur des visiteurs en fauteuil roulant, vaste parking avec stationnement réservé, restaurant accessible (avec toilettes et stationnement réservé)… Une offre complète qui a été récompensée en 2009 par le prix « Musée pour tous, musée pour chacun ».
La Chartreuse… de Douai
Installé au XVIIe en agrandissant un hôtel particulier des Montmorency, le couvent des Chartreux est un musée depuis 1958. Si le grand cloître et les cellules des moines ont été détruits, il reste un bel ensemble de style Renaissance flamande.
La collection Beaux-Arts comporte des oeuvres remarquables qu’il faut absolument aller voir, notamment un extraordinaire polyptyque de Van Scorel provenant de l’abbaye de Marchiennes, un émouvant portrait de dame par Véronèse, une flagellation du Christ signée Louis Carrache, ou le polyptyque de la Trinité peint par Jean Bellegambe. La vaste chapelle blanche met en valeur la collection de sculptures, la rénovation ayant laissé la charpente apparente sans chercher à reconstruite la voûte détruite pendant la Première guerre mondiale. Les pièces annexes reçoivent vaisselle et objets décoratifs, placés un peu haut, néanmoins, pour les visiteurs en fauteuil roulant, et dans des vitrines suspendues aux angles saillants qu’il faut savoir éviter…
Dans le petit cloître, des sculptures peuvent être touchées par les visiteurs déficients visuels, les commentaires étant fournis par des panneaux en relief, braille, noir et sonore; une maquette tactile démontable et ouvrante permet une découverte tactile complète des bâtiments. Des visites sont organisées pour les personnes déficientes visuelles, en groupe ou pour les individuels, ainsi qu’en LSF sur rendez-vous préalable. Reste à améliorer l’accès des visiteurs en fauteuil roulant, qui peuvent toutefois éviter graviers et seuil en se faisant ouvrir une porte donnant directement dans le musée, et devraient disposer dans le courant 2013 d’un ascenseur desservant l’étage actuellement hors d’accès.
Entre guerre et carrosses à Arras
A la fin de la Première guerre mondiale, il ne restait quasiment rien du chef-lieu du Pas-de-Calais, dont le musée des Beaux-Arts était réduit à quelques murs et une collection presque entièrement détruite. Reconstruit en pierre et charpente de béton, ses collections sont aujourd’hui riches de 20.000 oeuvres. Dans la partie médiévale, les visiteurs déficients visuels disposent d’un parcours « toucher le musée du bout des doigts » qui comporte une quinzaine d’artefacts. On vous y révèlera, entre autres, la « Légende de la Sainte-Chandelle »…
Mais l’événement qui déplace ici les foules, c’est l’exposition Roulez carrosses ! Jusqu’en novembre 2013, elle présente quelques pièces d’exception prêtées par le château de Versailles : série de traîneaux, panneau peint du carrosse du sacre de Louis XVI (le seul élément qui en subsiste), carrosse du duc de Bordeaux, du sacre de Charles X réutilisé par Napoléon III avec des broderies sur cuir que l’on ne sait plus faire, char funèbre de Louis XVIII… L’ensemble dans une très belle muséographie qui laisse la place au rêve. Trois visites en LSF sont programmées jusqu’à fin décembre, une médiation « à la carte » est proposée aux groupes, mais rien n’est prévu pour les visiteurs déficients visuels. Les visiteurs en fauteuil roulant n’apprécieront guère les pavés de la cour, mais peuvent accéder au rez-de-chaussée depuis peu grâce à l’installation d’une rampe en bois; ils devront toutefois attendre, pour voir la collection Beaux-Arts à l’étage, que le monte-charge déjà installé reçoive sa cabine ! A titre provisoire et sur demande préalable, l’accès est possible par la médiathèque aux jours et heures d’ouverture de cette dernière.
Un problème qui ne se pose pas à la Carrière Wellington, ouverte à la visite depuis 2008 et parfaitement accessible, avec toilettes, prêt de fauteuil (à partir de janvier 2013), visite guidée (et audioguidée qui accommode les prothèses auditives). L’ascenseur qui conduit au sous-sol peut accueillir jusqu’à sept fauteuils roulants ! Cet ensemble de carrières de craie date du XVIIe siècle et a été utilisé durant les deux guerres mondiales. Octobre 1914 : Arras est détruite par les Allemands, mais les troupes coloniales britanniques sont chargées de tenir la position. Alors, les tunneliers néo-zélandais, experts en creusement de galeries dans les mines d’or de leur pays, percent 20 km de tunnels reliant les carrières parsemant le sous-sol d’Arras. Des milliers de soldats y (sur)vivent dans le froid permanent jusqu’à ce que le commandement donne l’ordre de monter à l’assaut en surface, notamment lors de la désastreuse offensive d’avril 1917.
La carrière est nommée en référence à la ville de Nouvelle-Zélande dont la cartographie se retrouve dans les différentes galeries. La visite en fauteuil roulant est complète, un platelage bois avec chasse-roues assurant une circulation aisée. L’ambiance sombre est remplacée par un éclairage allumé sur demande pour les déficients sensoriels. Toutes les visites sont guidées, avec adaptation en fonction du public. Parking aisé à proximité mais longue rampe pentue pour atteindre l’entrée du site.
Un Louvre à Lens
On en parle depuis 2003, lorsque le ministre de la culture d’alors, Jean-Jacques Aillagon, lança le projet de décentraliser des grands établissements culturels parisiens. Parmi les villes nordistes candidates, Lens fut choisie un an plus tard, et c’est sur un ancien carreau de mine qu’ouvrira, en décembre 2012, la première antenne du célèbre musée. Des installations minières ne subsistent que les logements des mineurs, mitoyens du parc ceinturant les bâtiments d’un établissement destiné à recevoir des expositions de moyenne et longue durée. En effet, à la différence de l’autre musée parisien décentralisé en 2010 à Metz, le Centre Pompidou, une longue « Galerie du temps » accueillera des oeuvres prestigieuses et emblématiques de l’Antiquité à 1848, prêtées pour plusieurs années. Le « Pavillon de verre » sera dédié à des expositions temporaires de longue durée. Et contrairement au Pompidou de Metz, le Louvre de Lens ne fera pas l’impasse sur les publics handicapés : « L’accessibilité culturelle est incluse dans le projet scientifique, précise Juliette Guépratte, Chef du service des publics du Louvre Lens. Nous travaillons en émulation avec le Louvre Paris, en bénéficiant d’un transfert de compétences et d’une assistance à maîtrise d’ouvrage. »
L’accessibilité aux personnes à mobilité réduite devrait être possible par toutes les portes, avec stationnements réservés à proximité. Un « fil d’Ariane » en relief (mais sans contraste) conduira les visiteurs déficients visuels à la table d’orientation tactile et visuelle conçue pour tous, à l’accueil des publics, aux guichets; quatre autres tables d’orientation tactiles et visuelles seront placées dans d’autres zones du musée. Le comptoir de prêt de fauteuil et autres aides à la mobilité, initialement prévu au sous-sol, va peut-être monter dans le hall, ce qui serait plus logique et simple. La salle de spectacles et colloques ne prévoit le placement des personnes en fauteuil roulant qu’au rang zéro, elle est toutefois équipée d’une boucle magnétique et d’un équipement d’audiodescription. L’accueil et les visites en Langue des Signes Française devraient être proposés après la période d’ouverture et de rodage du musée. Les cartels trilingues français, anglais et flamand seront noir sur blanc avec toutes les informations en caractères de 17mm.
La politique tarifaire est dérivée de celle du Louvre Paris : gratuité pour les titulaires de Carte d’Invalidité ou Station Debout Pénible (y compris un accompagnateur), visites conférences à tarif réduit pour les publics spécifiques. 22 médiateurs étaient, mi-octobre, en cours de recrutement au statut cadre de la fonction publique, pour que ces professionnels soient fidélisés, aient un bon niveau culturel, soient aptes à dialoguer avec les publics et capables d’initiative. Des outils seront également proposés pour des visites en autonomie, tel un guide multimédia sur tablette tactile comportant 9 parcours de visites, avec intégration d’animation, audiodescription et LSF sur douze oeuvres; un livret tactile est annoncé pour janvier 2013 pour présenter ces oeuvres en relief, probablement suivi dans le courant de l’année par la mise en place d’une galerie tactile. Les visites programmées pour les personnes déficientes visuelles ou sourdes seront organisées en intégration avec le grand public. Un musée décentralisé qui, dès l’ouverture et au fil de son développement intègre pleinement l’accessibilité, une promesse à vérifier très bientôt !
Laurent Lejard, novembre 2012.