T’Cap, c’est d’abord un collectif de 150 structures qui oeuvre en faveur de la vie sociale des personnes handicapées dans la Loire-Atlantique. « On conduit plusieurs missions, expose Christophe Gérardin, l’un des co-présidents. D’abord valoriser et informer sur ce que font ces structures sur le territoire, via notre site web et un guide. Le festival en fait partie. Ensuite, créer des projets, mener des actions sur le territoire. » Par exemple, T’Cap a recensé et cartographié les écoles de musique accueillantes, accessibilité comprise : « On réalise des diagnostics d’accueil et accessibilité pour des festivals, pour l’accès au droit, avec une grande diversité de structures et de thématiques visant tous les publics ou plus spécifiquement les personnes handicapés. »
Vivre malgré la pandémie
Et tous les deux ans, T’Cap organise un festival qui devait se dérouler en avril 2020 : la pandémie de Covid-19 et le confinement de la population ont entraîné son annulation et un report en 2021 alors que les lieux culturels et de loisirs sont toujours fermés : « On ne pouvait pas continuer à subir le Covid et on voulait organiser le festival en l’adaptant, poursuit Christophe Gérardin. Dans l’idée d’un festival différent qui correspond à notre vision des choses : rendre l’événement possible. » Au programme, non encore bouclé, des événements physiques en face-à-face dans le respect des gestes-barrière, de la visio ou un mélange des deux : « On a consulté des structures, avec des retours plutôt positifs, chacun imaginait comment il pourrait organiser. On a proposé une problématique et chacun expose sa solution, pour faire un événement structuré en fonctionnant en intelligence collective. »
Parmi les événements « physiques », l’association Résonance Art et Sciences et la compagnie Giocco Cosi présenteront un projet chorégraphique mixte valide-handi. Résonnance met, elle, particulièrement en écho des correspondances entre les sciences physiques, mathématiques et les arts, en présentant les maths par le biais de pièces de théâtre ou d’autres supports. « Ce sera un prolongement de ce que T’Cap avait créé en 2019, précise la danseuse et directrice artistique Maï Pham-Sauvageot. Cinq compagnies avaient répondu et on avait monté un projet en étant à l’époque frustrés de ne pas mieux se connaître, avec peu de temps pour travailler. Une première création a été jouée quatre fois en région nantaise, avec cette envie de mieux se connaître d’où le nouveau projet du Chant des Possibles : deux danseuses, un musicien et une écrivaine, pour mettre en commun nos univers artistiques via des résidences artistiques et réfléchir sur ce que veut dire ‘créer collectivement’. C’est cette aventure que l’on va proposer lors de T’Cap. » Rendez-vous à Saint-Herblain mercredi 14 avril à partir de 14 heures, en extérieur au Grand B, pour faire entrer le public dans la danse : « Ce n’est pas une création, ajoute Maï Pham-Sauvageot, mais un aperçu de notre travail, avec une interaction du public sur nos propositions. »
Diversité à tous les étages…
Témoin de la diversité des activités du festival T’Cap, ce sont des ateliers cuisine que proposera le restaurant bilingue français-Langue des Signes Française La Papotière, ouvert à Nantes depuis décembre 2019 avec des employés sourds et entendants qui s’expriment en LSF, la langue d’usage dans l’établissement précise Kanyaman Brossaud, cogérante entendante avec Imane Grizon (sourde signante) : « On est deux cogérantes et on a fait un service civique pour le festival T’Cap il y a quelques années. On a toujours voulu y participer, on est adhérent au collectif T’Cap, et il est important de l’encourager. On va organiser le samedi 10 avril, pour l’ouverture du festival, l’exposition de créateurs sourds de bijoux, maroquinerie, livres, dessins et illustrations. » Ce sera l’occasion de rencontrer la famille Senka dont les parents et trois enfants sourds ont bouclé un tour du monde en une année, ce qu’ils racontent dans un livre. « On dispose d’une grande terrasse et de deux entrées, on emploiera des masques inclusifs, un tableau blanc, des images de signes. On a l’expérience de la journée mondiale des Sourds, on arrive à communiquer malgré les masques. » Dans cette période de crise sanitaire où les restaurants sont fermés, La Papotière fonctionne en vente à emporter, « mais on est déficitaire. Le mercredi 14 avril après-midi, on proposera un atelier cuisine avec des duos parents-enfants, tous masqués à partir de 7 ans. Ils apprendront à faire des sablés, des cupcakes, et à signer les termes. » L’équipe de La Papotière participera également à des sensibilisations à la LSF organisées par d’autres associations, dans d’autres lieux dont Les Utopiafs.
Bien d’autres événements attendent les curieux de tout pour ce festival encore plus différent qu’à l’habitude : « Pour nous, conclut Christophe Gérardin, le Covid est comme un handicap auquel il faut s’adapter en trouvant d’autres solutions, en gardant des points positifs. Seuls, on n’aurait pas cette force qu’a un réseau : c’est lui qui a voulu en répondant et proposant. La réponse majoritaire c’était ‘on fait, et pourquoi on fait’ : pouvoir rencontrer notre public et échanger. »
Laurent Lejard, mars 2021.