L’Université de Sophia-Antipolis, installée au nord d’Antibes (Alpes-Maritimes), travaille depuis sept ans à améliorer l’accès à l’informatique et Internet aux personnes aveugles. Ce qui vient de la conduire à lancer un nouveau site web d’information « par l’exemple », au moyen d’une série de vidéos en ligne sur Access-key.org, « Les clés de l’accessibilité », en français. L’intérêt particulier de ce nouveau site est de montrer par l’image comment un aveugle utilise un ordinateur, les outils dont il se sert, ceux dont il se passe (stylo, souris), le logiciel de pilotage d’un ordinateur et ce qu’il restitue.
Expliquer en ligne et par l’exemple comment un aveugle accède à l’informatique est une telle innovation que l’on se demande pourquoi cela n’a pas déjà été réalisé ! Sont expliqués en vidéo ce qu’est l’ordinateur des aveugles (synthèse vocale, plage Braille), et les règles d’accessibilité du web à respecter pour qu’ils puissent s’en servir sans souci : tableaux, liens hypertextes, alternatives textuelles, langue, formulaires, images liens, web mobile, Flash et composants externes. Chaque sujet est présenté en situation réelle d’accessibilité difficile, puis avec une solution accessible, et enfin par les données de programmation technique nécessaires pour atteindre ce résultat. La vidéo est accompagnée d’une transcription et parfois de liens-ressources pour créer un tableau accessible, commenter des images, créer des liens compréhensibles, etc.
Il est toutefois dommage qu’Acces-key oublie deux aspects importants. D’abord, il ne traite que de l’accessibilité des aveugles à l’informatique et au web, au risque d’occulter les autres publics pour lesquels un effort d’accessibilité est à réaliser. Par exemple, sous-titrer les contenus vidéos et transcrire les séquences audios pour les malentendants, alléger les pages en nombre de liens et aérer la mise en page afin de faciliter la navigation web par les personnes qui utilisent des pointeurs spéciaux, etc. Enfin, il oublie d’évoquer la divergence croissante du langage de programmation des pages web, alimentée par la concurrence que se livrent les développeurs des navigateurs : en 2011, l’universalité du web est remise en question, générant des incompatibilités entre Internet Explorer, Firefox, Chrome, Safari, Opéra, certains lisant les commentaires images avec une balise et d’autres avec une autre… Une réalité qui ne va pas faciliter la mise en accessibilité des milliers de sites web des services publics français, qui doit être effective d’ici mai 2012 !
Jacques Vernes, décembre 2011.