Le projet Syssias (Système intelligent et autonome d’aide aux soins de santé), mené par des équipes françaises et anglaises, consiste à élaborer un prototype de fauteuil roulant équipé d’un système de détection d’obstacles et d’un module permettant différents accès au contrôle du fauteuil par l’utilisateur. La première présentation publique a récemment eu lieu à Lille. Cette présentation a commencé par l’exposé de l’équipe ayant participé à l’élaboration, ce qui permet de souligner la portée du partenariat dans la réalisation du projet. Il est important de signaler que ce « fauteuil roulant intelligent » n’est pas un nouveau fauteuil mais un système de modules qui se veulent universels. Le but est de réconcilier handicap et indépendance.
Le module d’aide à la conduite a pour but de renforcer la sécurité par la détection d’obstacle, le ralentissement en fonction de la distance par rapport à l’obstacle ou encore l’arrêt du fauteuil avant collision. Ce module doit être adaptable sur tous les fauteuils et être évolutif en fonction des besoins de l’utilisateur. 3 modes de fonctionnement sont disponibles : manuel, semi-automatique et automatique. L’interface homme-machine regroupe les solutions pour le contrôle du fauteuil en remplacement du joystick. Elle se veut adaptée à tous et permet l’utilisation de plusieurs capacités conjointes.
Nous avons d’abord assisté à la démonstration du premier prototype. Le fauteuil est équipé de capteurs qui permettent d’éviter les collisions. Il s’arrête effectivement avant la collision avec un obstacle. Un petit boitier muni de LED rouges et placé près du joystick permet de renseigner l’utilisateur sur l’endroit où est localisé l’obstacle. Cependant, un souci se pose encore : le passage de porte est très laborieux à cause de cette détection. Mais n’oublions pas que ce n’est encore qu’un prototype et que les ingénieurs qui travaillent sur ce projet sont déjà en train de réfléchir à un moyen d’y remédier. Lors des premiers tests, les retours des utilisateurs soulignaient que l’arrêt s’effectuait trop tôt par rapport à l’obstacle. Ce souci est dorénavant résolu. Les détecteurs sont donc réglés pour assurer la sécurité de l’utilisateur tout en lui permettant un contrôle total du guidage.
Le deuxième prototype est équipé de l’interface homme-machine. Elle comporte une caméra orientée vers le visage de l’utilisateur et qui détecte les mouvements de la tête. Lorsque la personne lève la tête, le fauteuil avance. Pour se déplacer vers la gauche ou la droite, il suffit d’orienter son regard dans la direction voulue. Un système de sonar détecte les obstacles. La marche arrière n’est pas encore disponible dans ce mode mais il sera possible de l’incorporer à terme. Le contrôle peut également être effectué par la voix. 5 commandes (pour le moment en anglais) sont utilisées dans ce but : avant, arrière, gauche, droite et stop. Un petit temps de latence entre le moment où la personne donne l’ordre et sa réalisation par le fauteuil est à signaler. Cela sera très certainement résolu à terme. Les prochaines étapes de développement sont le contrôle par les yeux, par les mouvements de la mâchoire ou encore ceux des muscles du visage et des sourcils.
En résumé, la détection d’obstacles est un vrai plus pour la sécurité de l’utilisateur. Cela permet d’éviter des collisions pouvant abimer le fauteuil, voire blesser l’utilisateur ou un tiers. Concernant l’interface homme-machine, c’est un module qui rassemble les différentes possibilités de contrôle disponibles actuellement sur des fauteuils roulants électriques. Le projet Syssias devrait se terminer dans le courant du mois de juin 2014. Il laisse une première bonne impression même si certaines fonctions sont, pour le moment, perfectibles. Reste à connaitre les tarifs qui seront appliqués pour ce type de matériel…
Teddy Huyghebaert, ergothérapeute, janvier 2014.