Le billard, à l’égal de beaucoup d’autres sports, est une pratique accessible pour de nombreuses personnes handicapées physiques. Cette discipline se développe le plus souvent avec les personnes en fauteuil roulant et les debouts (avec un minimum d’handicap requis de 80%). Les joueurs utilisent le matériel et les tables standards, certaines adaptations pouvant être employées: les queues peuvent être plus longues et l’usage du râteau (ou croisillon) plus fréquent du fait de la difficulté ou de l’impossibilité de se coucher sur la table pour réaliser certains coups.
Une approche nouvelle en France. « Bien sûr, les handicapés physiques ne sont pas les seuls à pouvoir accéder à notre discipline » estime Mathieu Boidin, chargé du développement de l’activité handisport au sein de la Fédération Française de Billard (FFB). « Il y a des personnes handicapées mentales qui pourraient nous rejoindre; cela nécessite toutefois des structures beaucoup plus difficiles à mettre en place ».
La FFB s’efforce, depuis quelques années, de développer cette discipline au sein du mouvement handisport, en s’inspirant de la réussite de nombreux autres pays. Par exemple, au niveau européen, le billard américain en fauteuil connaît, en Allemagne, un franc succès auprès des joueurs handicapés. Aux USA, la « National Wheelchair PoolPlayer Association » regroupe des centaines de pratiquants en fauteuil roulant.
Sport et loisirs. Pratiqué comme un simple loisir, le billard réunit pourtant toutes les exigences d’un sport de haut niveau et la compétition permet d’explorer au plus profond les attraits de ce sport. Si la FFB, qui célèbrera son centenaire l’an prochain, tente d’ouvrir de nouvelles perspectives aux joueurs handicapés, sa tache ne se fait pas sans peine. « Une des premières étapes pour nous était d’envoyer un représentant français lors des championnats d’Europe de billard américain » précise Mathieu Boidin. « Ce premier objectif a été rempli et c’est Sébastien Fernandez qui a défendu les couleurs nationales lors de cette compétition ».
La seconde étape serait de pouvoir organiser des tournois entre joueurs handicapés afin de faire découvrir l’aspect sportif de cette pratique et aider à son développement. C’est pour cela que la Fédération Française de Billard procède à un recensement des joueurs handicapés, inscrits ou non en compétition, dans chaque département.
Novice aux Championnats d’Europe. Sébastien Fernandez est l’un de ceux- là. Engagé lors des derniers championnats d’Europe de billard américain, il a pour la première fois de sa carrière affronté des joueurs handicapés physiques : « à leur contact, j’ai découvert d’autres techniques. Je suis tétraplégique, ce qui me fait utiliser un croisillon sur lequel je pose la flèche de la queue de billard. Je peux l’allonger si nécessaire, en vissant un accessoire sur son fut ». Il considère que le niveau de pratique en handisport est très correct, mais que les joueurs handicapés doivent pouvoir s’opposer par catégories de déficiences, pour que chacun ait sa chance. « En jouant assis sur notre fauteuil roulant, il est impossible d’apprécier le point d’impact, ce que les valides font de haut. On ne peut pratiquer le « massé » [frapper la boule avec la queue perpendiculairement à la table pour donner un effet particulier NDLR], et nous avons besoin d’ustensiles pour frapper une bille placée devant une autre parce que nous ne pouvons pas nous coucher, nous étirer sur la table ». Au- delà de ces spécificités, Sébastien Fernandez « adore trop la compétition pour arrêter, ça me rend dingue! » Et il a hâte de pouvoir affronter des joueurs de sa catégorie.
Plusieurs jeux en un. Le billard est candidat pour devenir sport Olympique à l’occasion des Jeux de Pékin 2008. Sport individuel ou d’équipe, il est à la fois un jeu de précision, d’endurance et de force. Il faut pouvoir viser et bien frapper une bille, tenir tout en restant concentré toute la durée d’une partie qui peut être longue en fonction de la qualité de l’adversaire, savoir gérer la puissance d’impulsion que l’on donne à sa boule pour maîtriser le coup. La pratique du billard, en loisir ou en compétition, impose, comme toute autre discipline sportive, stratégies, tactiques et techniques. A la base, le seul objectif sera de réussir le point. Après un peu de pratique, le joueur tentera également d’améliorer la situation pour faciliter le coup suivant, l’objectif prioritaire étant toujours la réussite du point. La finalité étant d’optimiser la réalisation de chaque carambolage pour davantage d’efficacité. Le principe général du billard français est de « caramboler », c’est à dire toucher les deux autres billes avec la sienne. Le billard américain, le pool anglais et le snooker se jouent sur une table dont les dimensions sont spécifiques pour chaque jeu, comportant six alvéoles dans lesquelles on doit précipiter les billes : chacun de ces jeux comporte des règles spécifiques.
Pour vous faire connaître et demander des informations complémentaires, contactez Mathieu Boidin, Fédération Française de Billard 19 & 21 avenue Aristide Briand, BP 2002, 03202 Vichy cedex. Email: DTNFFB@wanadoo.fr.
Peu de sites sur le web. On note toutefois que le comité Languedoc- Roussillon présente Sébastien Fernandez. En anglais, la National Wheelchair PoolPlayer Association et en… japonais (mais aisément lisible grâce au moteur de traduction d’Altavista) la Japan Wheelchair Billiard Association.
Jacques Vernes, mai 2002.