L’haltérophilie handisport est une discipline réduite à un seul mouvement, le développé couché. Elle est pratiquée par les handicapés ou amputés des membres inférieurs, infirmes moteurs cérébraux, spina bifida et les aveugles. Les tétraplégiques avant retrouvé une partie de l’usage des membres supérieurs sont également admis.
Un sport rééducatif.
Le développé- couché a été inventé aux États- Unis pour la rééducation des blessés de la seconde guerre mondiale. Ce mouvement de lever de poids procure une augmentation de la musculature utile pour compenser une déficience des membres inférieurs, les déplacements en fauteuil roulant, les transferts, les franchissements d’obstacles. Il renforce également les dorsaux, qui peuvent compenser en partie des abdominaux défaillants et assurer un meilleur maintien du corps assis. Cette musculation s’effectue en symétrie parfaite et permet de corriger une éventuelle faiblesse latérale. Accompagnée d’un travail respiratoire (inspirations complètes et expirations forcées), l’haltérophilie contribue à une meilleure irrigation sanguine du corps. L’insuffisance cardiaque, les myopathies ou une tension oculaire importante chez les aveugles ou les malvoyants sont des contre- indications à la pratique de ce sport.
La compétition. Le développé-couché est entré en France en 1960, et est devenu discipline internationale lors des Jeux de Stoke- Mandeville (Angleterre) en 1963, et Paralympique en 1968. Le mouvement admis en compétition a subi de nombreuses variations au fil du temps, semblant actuellement se stabiliser. La plupart des haltérophiles handisport pratiquent le même mouvement de développé- couché que les valides : décrocher la barre à bout de bras, la reposer sur la poitrine et au signal de l’arbitre développer la charge maintenue immobile durant deux secondes, puis reposer la barre sur les supports. L’effort est bref mais intense. En France, le « développé- couché handisport » continue à être pratiqué par certains infirmes moteurs cérébraux et des tétraplégiques, la sécurité étant plus importante : la barre reste encadré par ses supports, elle en est soulevée pour être immobilisée quelques instants. La compétition est ouverte aux femmes et aux hommes dès 14 ans. Les haltérophiles sont répartis par catégories de poids corporel. Pour lever la barre, l’haltérophile doit s’allonger sur un banc et se glisser sous la barre reposant sur des supports. Il dispose de deux minutes pour entrer sur le plateau, s’installer sur le banc, se préparer et exécuter le mouvement, puis de trente secondes pour quitter le plateau. Chaque haltérophile dispose de trois essais pour lever la barre dont le poids est augmenté après chaque réussite.
L’avis d’une pratiquante. Martine Servajean est venue à l’haltérophilie après une brillante carrière en natation (1974- 1989), participant à la compétition européenne. La pratique de ce sport n’étant plus guère compatible avec sa vie de famille, elle s’est lancée dans le développé- couché en 1992, à la suite d’une journée de démonstration : elle levait alors une première barre à 42 kilos 500. Aujourd’hui, elle détient le record de France des moins de 52 kilos avec le poids de 86 kilos 500. En 2001, elle a été sacrée championne d’Europe de la discipline. « Sur le plan physique, l’haltérophilie a renforcé ma musculature dorsale, faisant quasiment disparaître le mal de dos dû au déhanchement engendré par les séquelles de la polio qui a touché une de mes jambes. Ce sport m’assure également un bien- être psychique; je peux me donner à fond, exploser sous la barre ». Martine n’a pas croisé le dopage, durant sa carrière, bien qu’il semble important dans cette discipline : lors des Jeux de Sydney 2000, neuf haltérophiles contrôlés positifs ont été exclus de la compétition.
La France compte environ une centaine de compétiteurs (dont 25 femmes) peu aidés si ce n’est par une mutuelle militaire, l’AGPM. Au plan international, la discipline est dominée par la Russie, la Chine, l’Égypte et, nouveau venu, le Nigéria. Il semble par ailleurs que les personnes atteintes de spina bifida brillent en compétition, ce qui suscite les interrogations des chercheurs… Les championnats de France Open se tiendront au Cap d’Agde (34) le 15 juin 2002. Y sont invités la Pologne, les Émirats Arabes Unis et le Maroc. Le 21 juin 2002, quelques representants de l’haltérophilie Handisport sont conviés a faire une demonstration de la discipline lors des championnats de France Valide de la Fédération Francaise d’haltérophilie qui se derouleront pres de Béziers (34). Enfin, les championnats du Monde de la discipline auront lieu cette annee a Kuala- Lumpur (Malaysie); la France espère en revenir avec quelques medailles !
Pour en savoir plus, et en l’absence de site Internet, vous pouvez contacter par mél le Directeur technique de la discipline au sein de la Fédération Française Handisport, Dominique de Ludicibus.
Jacques Vernes, juin 2002.