Les types de vélos adaptés disponibles en France sont désormais nombreux et couvrent tous les besoins. Mais rares sont les personnes handicapées à en posséder, pour des raisons de coût et d’encombrement. C’est là que les clubs de cyclotourisme interviennent, pour que tout un chacun puisse, quels que soient ses moyens, pratiquer ce sport-loisir (en France, il n’existe pas de compétition de cyclotourisme). Lequel est organisé sous l’égide de la Fédération française de cyclotourisme (FFCT), qui a mis en place un programme Sport pour tous. Deux des clubs participants expliquent ici leur démarche.
Le club des Cyclotouristes Annonéens, basé à Annonay en Ardèche, existe depuis 40 ans, et sa section tandem malvoyants depuis 1992. Depuis 2003, il développe une activité de sorties adaptées avec des établissements spécialisés, en utilisant tandem, tricycles et autre vélos adaptés. « Nous roulons toutes les semaines avec des pensionnaires de ces établissements, précise le président du club, Robert Herelier. Nous recevons aussi les individuels, les touristes handicapés qui veulent randonner à vélo. Nous avons également créé une activité destinée aux personnes qui touchent le RSA, pour leur donner envie de sortir, de bouger, d’avoir des relations avec les autres. »
Les matériels du club permettent d’accompagner toutes les personnes capables de s’asseoir sur un vélo adapté: tandem, tricycle tandem avec manivelle, tandem côte à côte à assistance électrique. Les engins appartiennent au club, les membres paient la même cotisation qu’ils soient valides ou handicapés. « Ça nous apporte beaucoup, poursuit Robert Herelier. Et ça fait sortir les personnes handicapées des établissements où elles sont un peu limitées dans leurs activités, pour prendre l’air, être dans la nature. » Ce dernier aspect est au coeur des séjours qu’organise le club, comme il l’a récemment fait en Bourgogne ou en Allemagne.
La principale activité repose sur des randonnées à la demi-journée qui parcourent les voies vertes, la splendide Via Rhôna ou le circuit de barrage du Ternay au pied du célèbre massif du Pilat. « Le Pilat est un peu dur pour nos engins ! », nuance Robert Herelier, qui espère une amélioration avec le projet de liaison du massif à la Via Rhôna.
Autre club « handi-accueillant », Vélo Ecole, installé à La Rochelle (Charente-Maritime), commence à être connu pour les longues randonnées auxquelles il a participé: en tandem pour la vue avec Retina France, Paris-Londres en tandem lors des Jeux Paralympiques 2012, etc. Une activité dans laquelle le club a accumulé une grande expérience et qu’il envisage de partager en proposant une organisation « clés en main » afin de promouvoir les randonnées sur longue distance.
Mais son activité régulière consiste en des sorties à la demi-journée, « Tand’Amis », organisées par un routeur qui constitue les « couples » de cyclotouristes: il contacte les membres pour connaître leur disponibilité et enregistre leur participation afin de composer les tandems pilote-copilote. Les résidents temporaires et les touristes handicapés sont également bienvenus. Le club est équipé de tandems classiques et d’un Hase Pino adapté dans lequel une personne handicapée motrice peut s’asseoir et pédaler, selon ses capacités physiques, avec les pieds ou les mains.
« Quelqu’un qui pratique le cyclotourisme au long cours ne le voit pas comme une contrainte, explique Philippe Aubert, président de Vélo Ecole, même si parfois ça fait mal, mais comme un bienfait, un plaisir. C’est une espèce de communion autour du voyage, de l’effort physique, de l’effet de groupe. On partage d’autres choses, y compris la souffrance dans l’effort. La preuve, c’est que tous veulent y revenir, on a affaire à des passionnés ! » …Auxquels il ne vous reste qu’à vous joindre !
Laurent Lejard, janvier 2015.