Maillot de basket sur les épaules, je rencontre Hugo Barbe avant son entraînement à la JDA Basket (ou Jeanne d’Arc Dijon Basket), le club dijonnais où il a commencé à jouer. C’est à 12 ans qu’il commence le basket fauteuil, presque par hasard puisque c’est un médecin qui le lui conseille. Il faut dire que les possibilités de sport sont assez limitées pour le jeune adolescent paraplégique incomplet de naissance qui avait déjà pratiqué le tir à l’arc, avant de s’en détourner à cause de l’aspect trop individuel du sport. Pour l’un comme pour l’autre, il faut se déplacer jusqu’à Dijon, la capitale bourguignonne, située à 30 minutes du domicile familial. Le coup de foudre avec le basket fauteuil est imminent, le jeune homme y trouve l’aspect collectif qui lui avait manqué avec le tir à l’arc. Il ajoute également qu’inconsciemment, le fait de se retrouver avec d’autres joueurs porteurs de handicaps participe à l‘intérêt qu’il porte au sport. Il faut dire aussi que le club dijonnais est un cadre de rêve pour qui veut évoluer en basket fauteuil : l’équipe senior évolue en Nationale B, un des plus hauts niveaux de championnat national. Bien sûr, à 12 ans, le jeune homme ne se doute pas encore qu’il disputera un jour un championnat international avec les couleurs de l’équipe de France : « Je ne m’étais pas dit à l’époque que je jouerai en équipe de France U22 ». Déjà, il montre une motivation importante comme il l’explique lui-même en un sourire : « J’étais là à tous les entraînements, je voulais progresser ».
Collectif avant tout
Une motivation et des efforts qui paieront puisqu’il est repéré par le Collectif France Espoir qui sélectionne les athlètes pour les différentes compétitions handisport internationales. Là encore, le club dijonnais joue son rôle d’intermédiaire puisque c’est via la structure du club et son entraîneur qu’Hugo sera mis en contact avec le Collectif. Il participe ensuite à plusieurs stages, avant d’être sélectionné une première fois en 2016 pour les Championnats d’Europe à Lignano, en Italie. Une expérience qui reste gravée dans la mémoire du jeune homme comme une première aventure internationale avec tout ce que cela comporte de nouveautés : nouveau pays, nouveaux coéquipiers et adversaires.
Au-delà de la fierté de pouvoir représenter son pays (« C’est le rêve de tout sportif, je pense de faire les Jeux Olympique ou de jouer à un niveau international »), c’est aussi un moyen pour lui de rencontrer des joueurs du même âge que lui. En effet, les effectifs ne permettent pas aux clubs de former des équipes jeunes par tranche d’âge (et donc des championnats) comme c’est le cas des sports collectifs valides. A la JDA Basket Dijon, tous les âges sont représentés comme j’ai pu le constater lors de l’entraînement mixte (comprenez joueurs « loisirs » et « compétition ») auquel j’assiste. Si cette configuration permet un véritable échange entre générations, le jeune homme apprécie d’autant plus ses stages en équipe de France. A 20 ans, Hugo a déjà participé à quatre compétitions internationales : trois championnats d’Europe et un championnat du Monde à Toronto (Canada) en 2017.
Il évolue désormais en U22, c’est-à-dire une équipe uniquement composée de jeunes joueurs âgés de 16 à 22 ans, avec laquelle il a disputé il y a un mois à peine les championnats d’Europe. D’abord prévue pour 2020, la compétition a été déplacée à juin 2021, sept jours pendant lesquels les sept équipes nationales qualifiées (Espagne, Turquie, Pologne, Israël, Italie, Allemagne et France) se sont retrouvées à Lignano en Italie pour remettre en jeu le titre de Champion d’Europe détenu par l’équipe turque. Une petite semaine avec une « ambiance vraiment sympa » d’après Hugo, même s’il admet volontiers que la préparation sportive des joueurs français n’a pas été optimale. A cause de l’épidémie de Covid-19, les joueurs n’ont pu se réunir que pour deux stages de préparation : « On s’est tous retrouvés à la dernière minute en quelque sorte ». Malgré tout, les Bleuets ont réussi à se qualifier pour les championnats du monde U23 (moins de 23 ans) qui se dérouleront entre mai et septembre 2022. Une qualification arrivée tardivement dans un championnat remporté par l’Espagne puisqu’après avoir perdu ses deux premiers matchs, la jeune équipe s’est rattrapée en remportant les trois derniers matchs restants : « On s’est fait un peu peur, on pensait finir plus haut dans le classement », sourit le jeune joueur.
Vers l’élite et une vie indépendante
Hugo compte bien participer également à ces championnats du Monde, une fierté pour le jeune homme au-delà de l’intérêt sportif. S’il ne voit pas sa vie sans basket, il pense tout de même reprendre ses études pour intégrer une faculté d’anglais et devenir professeur ou bien traducteur. Il faut dire que jusqu’ici, ses expériences ont toutes été liées au basket. Sportif de haut niveau, il en possède le statut depuis 2016, ce qui lui a permis de passer son baccalauréat scientifique en trois ans, au lycée Jean-Marc Boivin de Chevigny, voisin de Dijon et spécialisé dans les cursus sportifs. Si le lycée se montre compréhensif, il admet avoir eu du mal à faire coïncider entraînements et heures de cours. Son diplôme en poche, il effectue un service civique au club de basket de Chenôve, une autre ville en périphérie de la capitale bourguignonne. Récemment, il a été embauché à Décathlon, une nouvelle étape pour Hugo qui va pouvoir s’installer seul à Dijon, en gardant, de près ou de loin, un lien avec le basket.
Pauline Boudier, août 2021