Le département de la Loire correspond pour partie à l’ancienne province du Forez (que l’on prononce ici, à raison, comme le mot forêt), théâtre d’un monument de la littérature française, L’Astrée d’Honoré d’Urfé, d’où son nom de Pays d’Astrée. « Auprès de l’ancienne ville de Lyon, écrit l’auteur, du côté du soleil couchant, il y a un pays nommé Forez qui, en sa petitesse, contient ce qu’il y a de plus rare au reste des Gaules. Plusieurs ruisseaux en divers lieux vont baignant la plaine de leurs claires ondes mais l’un des plus beaux est Lignon qui, vagabond en son cours aussi bien que douteux en sa source, va serpentant par cette plaine depuis les hautes montagnes de Cervières et de Chalmazel jusques à Feurs où Loire le recevant, et lui faisant perdre son nom propre, l’emporte pour tribut à l’Océan. »
Une belle invitation au château de La Bâtie d’Urfé, non loin de Saint-Étienne-Le-Molard, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Saint-Étienne, où un festival de théâtre est organisé tous les ans. L’endroit, très évocateur, ravira les littéraires que le gravier (omniprésent) et la forte rampe d’accès au logis ne rebutent pas. Ne manquez pas la salle des rocailles, en rez-de-chaussée, c’est probablement le plus bel exemple du genre qui ait survécu en Europe. Restauration possible sur place.
Près de là, à Boën, un élégant château XVIIIe héberge notamment un musée de la vigne pleinement accessible (à l’exception de la salle reconstituant un bistrot) où l’on pourra se familiariser avec le terroir local, son histoire et ses techniques, dont une initiation à l’oenologie. L’aspect ethnographique, parfois très émouvant, n’est pas oublié, des expositions temporaires sont également organisées. Le Château Musée de la Vigne est labellisé Tourisme et Handicap pour les handicaps moteur, visuel et mental.
Autre évocation réussie et vivante à Saint-Bonnet le Coureau, où le Moulin des Massons, labellisé Tourisme et Handicap, ressuscite une huilerie (de noix et de colza) et une scierie mues par la force d’une antique turbine hydraulique… et l’enthousiasme de quelques bénévoles. Enfoui au fond de sa vallée, l’endroit est rien moins que charmant. Parking possible au plus près de la ferme, vente de produits du terroir.
Plus au sud, l’imposant château d’Andrézieux-Bouthéon a été récemment restauré par la ville. Parfaitement accessible et offrant un splendide panorama sur la vallée, cette ancienne résidence des Bourbons abrite, outre un très vaste parc animalier et botanique, un centre d’interprétation du Forez; lequel fait revivre, grâce aux dernières technologies multimédia, l’histoire des anciens propriétaires du lieu mais également celle, plus humble, des artisans foréziens. Pique-nique possible sur place, stationnement aisé.
En remontant au-delà de Saint-Galmier (et sa célèbre source Badoit en accès libre… mais inaccessible!), on accède au bourg de Chazelles-sur-Lyon et son Atelier musée du chapeau. Ouvert en 1983 dans une ancienne fabrique (de plain-pied) c’est le seul en France qui perpétue la tradition du chapeau en feutre (de poil de lapin ou de lièvre), renommée ici jusque dans les années 1950, et maintient une petite fabrication grâce à des machines anciennes en état de marche. La présentation, passionnante en visite guidée, vous permettra d’être incollable sur le sujet ! Une galerie de coiffures du XVIIIe siècle à nos jours complète la découverte, avec quelques couvres-chefs célèbres, tels ceux de Grace Kelly, du président Mitterrand ou du chef cuisinier Marc Veyrat. Des expositions temporaires contemporaines sont organisées dans un espace attenant, accessible par le côté. Enfin, une boutique permet aux élégant(e)s de trouver chapeau à leur tête…
Cette tradition industrielle de la Loire (superbement mise en exergue au Musée d’Art et d’Industrie de Saint-Étienne) trouve une autre illustration à Charlieu, tout au nord du département. Fondée au Moyen-Âge, cette cité frontalière de la Bourgogne et idéalement située sur la route de Paris à Lyon, vit prospérer les tisserands, notamment en soie. Demeurent de cette époque la seule confrérie française de tisserands de soierie ainsi qu’un atelier de costumes médiévaux. Parmi les bâtiments anciens, on remarque une splendide abbaye bénédictine partiellement ruinée, un mystérieux couvent des Cordeliers (voir dans le cloître la travée des vertus et des vices représentés par des animaux) qui héberge des expositions temporaires, et un passionnant musée de la Soierie, d’accessibilité partielle. De plain-pied, installées dans l’ancien hôpital de l’hôtel-Dieu, les machines, de la plus ancienne à la plus moderne, servent à des démonstrations de fabrication; attention aux oreilles ! Cerise sur le gâteau, on peut y toucher quelques échantillons d’étoffes précieuses, dont certaines commandées par la Couronne d’Angleterre.
‘autre aile du bâtiment est devenue un musée hospitalier, présentant la salle de chirurgie qui fonctionna jusqu’en 1962 et la vaste salle commune des malades demeurée dans l’état de 1981, année de la fermeture de l’hôpital; une immersion d’autant plus impressionnante que des odeurs d’éther imprègnent encore les murs… Quant à la ville elle-même, une déambulation dans ses vieilles rues aux maisons à pans de bois s’impose, en n’oubliant pas de lever les yeux ! Les amateurs de tapisseries auront une belle surprise en mairie, salle des mariages (ascenseur); quant à ceux de pâtisseries, rendez-vous chez Pralus !
Pour se faire pardonner sa gourmandise, on peut faire un petit crochet par la très romantique (et accessible) abbaye cistercienne de La Bénisson-Dieu ou, plus prosaïquement, dépenser ses calories dans le must européen des piscines adaptées, à Feurs. Forez Aquatic est en effet un modèle du genre : outre les adaptations tous handicaps (impossible à détailler tant elles sont nombreuses) et la sensibilisation du personnel, l’établissement compte deux salariés handicapés. Un cas dont il faut espérer qu’il fera école…
Autre école, dans un genre complètement différent, celle des oiseaux à l’Écopôle de Chambéon. Administré par la Fédération régionale de protection de la nature (Frapna), c’est la plus grande réserve ornithologique de Rhône-Alpes. Son bâtiment d’observation perché sur pilotis (ascenseur) et ses 400 ha de réserve accessibles par des sentiers de découverte carrossables permettent une approche originale et agréable des oiseaux (prêt de jumelles) mais également des castors et de nombreux insectes, dont des moustiques parfois très présents… Ce site, qui est la réhabilitation très réussie d’une ancienne gravière, a servi de pilote à ses équivalents européens. Stationnement aisé. Mais c’est en descendant ses gorges que l’on perçoit mieux le caractère sauvage de la Loire : l’un des parcours début au pied du barrage de Grangent, pour approcher hérons et autres oiseaux, grâce aux bénévoles de la base de loisirs Loire Forez de Saint-Rambert qui assurent le portage nécessaire; une balade plus ou moins sportive selon le débit.
Quoi de neuf à Saint-Étienne ? Depuis ce que nous en écrivions en 2006, la cité verte a achevé le revampage de son hyper-centre, où circule un tramway plus ou moins accessible selon les arrêts. Le Zénith, dû au célèbre architecte Norman Foster, ouvrira ses portes à l’automne avec… Bernard Lavilliers. Autre salle déjà active, Le Fil, à l’esthétique rouge et noire (le ruban rappelle l’industrie locale) oriente sa programmation sur le rock, la pop, l’électro et les musiques alternatives. Stationnement réservé en contournant le bâtiment, prochaine installation d’un podium pour les personnes en fauteuil roulant afin qu’elles profitent au mieux des spectacles. Quant à la Cité du design, elle n’en finit pas de sortir de terre mais vous donne d’ores et déjà rendez-vous pour sa prochaine biennale, du 15 au 30 novembre 2008. Enfin, à Firminy, le patrimoine Corbusier s’est récemment enrichi d’une impressionnante église Saint-Pierre, prévue par le maître mais achevée seulement fin 2006 : que l’on soit ou non croyant, c’est un lieu fort dont la visite demeure marquante malgré le taux de pente, ou les couleurs fétiches du Corbusier dansent sur la projection lumineuse de la constellation d’Orion. Un centre d’interprétation dédié aux oeuvres du Corbusier est installé sous l’édifice : de la culture au milieu de la verdure…
Jacques Vernes, septembre 2008.
Sur le web, le site officiel Loire Tourisme propose une information très complète sur la destination et un moteur de recherche hôtelier incluant le critère d’accessibilité. Ces mentions figurent également dans les guides produits du terroir (Savourer) et des hébergements et restaurants (Recevoir).
Nos adresses accessibles :
Côté hébergements :
Dominant Firminy et proche de Saint-Etienne, le Plateau de la Danse propose une grande chambre avec vaste terrasse (accessible avec aide), très calme, vue sur les pâtures et le mont Mézenc. On regrette l’inaccessibilité de la piscine ! Martine et René Joseph, Boulain, 42230 Saint-Victor-sur-Loire, Tél. 04 77 90 36 90.
Proche de Feurs et bordée par un canal, Gérard et Renée Rude ont aménagé dans leur belle demeure une très élégante chambre de style rétro. Lieu-dit Virieux à 42110 Cleppé. Tél. 04 77 26 08 97 ou 06 61 73 04 47.
Plus au nord, à Saint-Jodard, Philippe et Claudie Durel vous accueillent dans leur ferme laitière; grande chambre dans une maison en pierre indépendante, repos assuré ! Chez Daguet à 42590 Saint-Jodard. Tél. 04 77 63 45 34.
Enfin, dans la station thermale de Montrond-les-Bains, style bourgeois cossu à La Poularde, hôtel de luxe dont la chambre adaptée est une vaste suite japonisante dotée d’un jacuzzi. Restaurant étoilé Michelin dans lequel le chef Gilles Etéocle revisite la cuisine de terroir. Piscine de plain-pied, garage desservi par escalier uniquement. Tél. : 04 77 54 40 06.
Côté restaurants, du sud au nord :
Au bord des gorges de la Loire, à quelques kilomètres de Firminy et Saint-Etienne, le Moulin Riffat propose une grande salle et une terrasse panoramique. La cuisine est sans surprise (sauf la délicieuse friture de poissons) mais les prix sont doux, le parking vaste et les toilettes adaptées… 42240 Unieux, à droite après le pont à haubans. Tél. 04 77 35 75 25.
A Saint-Etienne, l’Escargot d’Or, installé face aux Halles, présente des menus diversifiés dans une ambiance conviviale, le patron semblant connaître tout le monde ! Toilettes adaptées. 5 cours Victor Hugo, Tél. 04 77 41 24 04.
Accessibilité perfectible à l’hôtel de La Charpinière, mais cuisine légère et agréable dans son restaurant La Closerie de la Tour. Parking aisé, toilettes réservées aux seuls fauteuils manuels. 42330 Saint-Galmier, Tél. 04 77 52 75 00.
Cuisine inventive de Thierry Laurier, renouvelée chaque semaine, au Brin de Laurier; idéal pour un repas alliant gastronomie actuelle et terroir, à prix raisonnables. Parking dans la cour gravillonnée, terrasse extérieure, cheminement pavé, toilettes adaptées. Naconne (près de Cleppé), Tél. 04 77 260 750.
Enfin, même s’il faudra subir encore quelques mois de « portage » pour accéder au Château de Champlong (l’accessibilité par rampe devant être réalisée au printemps 2009) nous ne pouvons faire l’impasse sur cette adresse délectable où le chef Olivier Boizet propose une cuisine alliant saveurs et présentation inédites, avec une prédilection pour les émulsions. Carte renouvelée, cadre design, menu à composition progressive (deux plats ou plus) à prix de départ accessibles. Toilettes déjà adaptées, vaste parking (graviers). 100 chemin de la Chapelle, 42300 Villerest, Tél. 04 77 69 69 69.