Qui dit vacances en Ardèche sous-entend souvent farniente ensoleillé en bord de rivière ou descente en canoë-kayak des fameuses gorges, entre deux dégustations de caillettes ou de confiture de châtaignes, bercées par les chansons de Jean Ferrat… Ce programme-là peut en effet constituer matière à d’excellentes vacances, d’autant que les activités et les hébergements accessibles ne manquent pas, quelle que soit la gamme de prix : renseignez-vous auprès de l’Agence de Développement Touristique ! Mais l’Ardèche est également un « vieux pays » où les Hommes résident depuis des millénaires : il suffit, pour s’en rendre compte, de balader dans ses bourgs et hameaux inondés de soleil, au gré des ruelles ombragées et des bâtisses de pierre. Et de songer que les témoignages historiques, parfois vénérables, que l’on y découvre ne sont, en quelque sorte, que l’épilogue d’une longue, très longue saga humaine…
Ainsi à Vallon-Pont-d’Arc, les peuples de l’Aurignacien ont-ils contemplé, il y a 35.000 ans, la même formation rocheuse qui attire ceux de notre époque. Eux aussi ont apprécié les méandres de cette rivière et y ont vécu; eux aussi y ont laissé des traces, et quelles traces: la grotte Chauvet compte parmi les plus anciennes et les plus richement ornées découvertes à ce jour. Réservé à quelques scientifiques triés sur le volet, l’endroit, on le sait, est interdit au public. D’où l’intérêt de la réplique inaugurée cette année à quelques encablures du site original.
Disons-le d’emblée: cette Caverne du Pont d’Arc est une vraie réussite, tant du point de vue de la muséographie, qui restitue jusqu’à l’émotion que l’on peut ressentir dans un tel lieu, que de l’accessibilité, qui ne pose aucun problème majeur. Un vaste parking avec emplacements réservés permet de stationner au plus près de l’entrée mais le site, en légère pente, ne se découvre qu’au bout d’une longue allée ombragée qu’il faut parcourir à pied (ou à roues).
Les visites, obligatoirement guidées, se font en groupe, dans la pénombre, occasion de mieux comprendre la grotte, son histoire et celle de ses différents occupants. On est littéralement époustouflé par le talent des artistes de la préhistoire… et celui de leurs « copistes » contemporains !
Une « ardoise magique » et une boucle magnétique sont proposées aux visiteurs déficients auditifs, les aveugles bénéficiant d’un audioguide descriptif; d’autres services seront ajoutés à moyen terme. En prélude à la visite, ou pour la compléter, il faut absolument visiter la Galerie de l’Aurignacien : située non loin de l’entrée de la Caverne, elle permet de se familiariser avec cette période de la préhistoire au moyen de reconstitutions bluffantes de réalisme et d’outils multimédias particulièrement intuitifs et bien conçus. Sachez enfin qu’il est possible de se restaurer sur place, avec des produits locaux et à des tarifs tout à fait raisonnables : une nouvelle destination à inscrire sur vos tablettes !
Autre destination fameuse dans cette même région de l’Ardèche, dont la visite peut être couplée à celle de la Caverne du Pont d’Arc: la Cité de la Préhistoire à l’aven d’Orgnac. Si l’aven lui-même n’est que très partiellement accessible en fauteuil roulant (relisez cet article paru en 2010), la Cité de la Préhistoire, sur le même site, a récemment fait l’objet d’un réaménagement de ses bâtiments et de ses collections qui mettent davantage en valeur les pièces exceptionnelles (des originaux, contrairement aux fac-similés de la Caverne) et font désormais la part belle aux interfaces multimédias mais également aux manipulations d’objets.
C’est à un passionnant voyage à travers l’histoire de l’humanité que les visiteurs sont conviés: géographie, climat, flore, faune, populations, activités humaines, rien n’est oublié! Les différents niveaux de lecture des cartels et des interfaces permettent en outre à chacun d’y trouver matière à apprendre, quel que soit l’âge ou le niveau de connaissance. De fascinantes maquettes permettent de se faire une idée des différents habitats de nos lointains ancêtres, dont les rarissimes témoignages ornent les vitrines.
En ce qui concerne l’accessibilité, le cheminement est certes long (à la mesure des collections) mais il ne pose aucun problème en fauteuil roulant. Côté handicaps sensoriels, des visites thématiques devraient être organisées courant 2016; il est d’ores et déjà possible de toucher et manipuler la réplique de certains artefacts emblématiques. Tarif réduit sur demande, toilettes adaptées, vaste parking (mais sans emplacements réservés), restauration possible à proximité.
Nouveau saut dans l’Histoire, à une quarantaine de kilomètres de là, du côté de la bien-nommée Alba-la-Romaine, où un musée ultramoderne a ouvert ses portes fin 2013 en prolongement de la cité antique partiellement fouillée d’Alba Augusta Helviorum, capitale des Helviens dont le territoire couvrait une partie l’actuel Vivarais.
Infiniment mieux accessible que le site, dont les pentes et les graviers sont assez malcommodes en fauteuil roulant (mais les vestiges valent largement les efforts que l’on fait pour y accéder!), cet espace muséographique tout en transparences et de plain-pied permet de mieux « lire » les lieux, comprendre leur histoire et découvrir une sélection de très beaux, parfois émouvants objets qui y ont été exhumés.
L’importance de la cité et de ses activités économiques est remarquablement mise en valeur, que complètent des expositions temporaires de très haute tenue autour de thèmes liés à la Gaule romaine.
Si une maquette tactile est disponible à l’entrée des fouilles, rien n’est encore prévu en direction des publics déficients sensoriels mais la direction de l’établissement travaille à la mise en place d’outils multimédias avec théâtralisation. Vaste parking avec emplacements réservés, toilettes adaptées. Le village d’Alba-la-Romaine, tout proche, dominé par son spectaculaire château, offre quant à lui matière à compléter l’exploration patrimoniale de cette Ardèche décidément riche en culture !
Jacques Vernes, août 2015.
PS : la Caverne du Pont d’Arc a été rebaptisée Grotte Chauvet 2-Ardèche en février 2019.