Peu connu en dehors de ses voisins immédiats, le Vorarlberg (ainsi dénommé par sa situation devant le massif de l’Arlberg, qui culmine à 2.800m) est une destination d’initiés. D’abord parce que ses vallées, qui ont conservé une activité industrielle de pointe et un secteur agricole très dynamique, ne vivent pas exclusivement du tourisme, ensuite parce que les grands flux touristiques intéressent surtout le Tyrol voisin ou la Bavière, côté allemand. Situé à l’extrémité orientale du lac de Constance (Bodensee en allemand), le Vorarlberg est depuis toujours une terre d’échanges, de passage entre les différents espaces européens germanophones. Longtemps dominé par les Habsbourg, il s’est rêvé suisse à l’issue de la Première guerre mondiale (ce que le consensus linguistique helvète a empêché) puis s’est accommodé du destin qui en fait le seul land alémanique d’Autriche, l’un des plus prospères aussi; mais on y parle couramment l’allemand, souvent l’anglais, parfois le français. Côté coût de la vie, les prix ressemblent à ceux qui se pratiquent en France, le service au client en plus : ici en effet, accueil familial oblige (ou meilleure formation), on fera tout pour vous satisfaire, et avec le sourire ! Il en va de même avec l’accessibilité, qui est la règle plutôt que l’exception, et le désir sincère de faciliter la vie aux personnes handicapées plutôt que la leur compliquer…
Au bord du lac de Constance, baignée par sa lumière changeante de ses eaux, Bregenz (ou Brégence en bon français) est la capitale du Vorarlberg. Avec ses environ 30.000 habitants, c’est une cité paisible, de plain-pied, où il est particulièrement agréable de déambuler, notamment en fauteuil roulant. La longue promenade de bords de lac est évidemment un must des plus romantiques, où se découpe notamment la forme audacieuse d’un palais des Festivals que les amateurs de James Bond ont pu découvrir en 2008 dans Quantum of Solace.
La scène principale (extérieure) de ce festival d’été qui privilégie l’opéra semble flotter sur l’eau: magie garantie pour les amateurs d’art lyrique, y compris handicapés puisqu’un placement spécifique et des tarifs avantageux leurs sont proposés. Le centre-ville, en grande partie piétonnier, offre également d’agréables déambulations ainsi que l’occasion de découvrir des institutions culturelles à l’architecture futuriste et à l’accessibilité sans faille: le musée d’Art contemporain (KUB) et le Musée du Vorarlberg (VLM) axé sur la culture locale.
Pour une découverte plus générale de la région, rendez-vous à Dornbirn, ville la plus peuplée du land avec ses 46.000 habitants, à dix minutes en voiture de Bregenz: le musée Inatura y présente la faune, la flore et les paysages locaux ainsi que les sciences et technologies. On s’y instruit en se divertissant, même si les cartels ne sont qu’en allemand. Excellente accessibilité, stationnement réservé devant l’entrée.
Outre les énergies renouvelables, le land s’est forgé depuis les années 1980 une réputation internationale dans le domaine du développement durable appliqué à l’architecture. Ainsi parle-t-on « d’école du Vorarlberg » dont le chef de file, Hermann Kaufmann, a été maintes fois primé. Des visites, accompagnées ou non, sont proposées aux amateurs, notamment via l’office de Tourisme : consultez cette page (en allemand) à l’Institut d’architecture du Vorarlberg.
Autre possibilité toute simple : ouvrir les yeux en cours de route et découvrir, au hasard des paysages urbains, ruraux ou montagnards, ce mélange parfois étonnant entre architecture traditionnelle et contemporaine. Ainsi, à Schwarzenberg, charmant village de moyenne montagne situé à une trentaine de kilomètres de Bregenz, de très bucoliques Schubertiades (événement le plus important au monde consacré à Franz Schubert) se déroulent-elles en été dans une salle ultra-moderne à l’acoustique remarquable et à l’excellente accessibilité. Angelika Kauffmann (1741-1807), qui a donné son nom à cette salle, est une portraitiste très célèbre en Autriche : des peintures murales réalisées durant sa jeunesse peuvent être admirées dans l’église baroque du village, accessible de plain-pied. D’autres événements du festival se tiennent en mai, juillet, septembre et octobre dans la ville voisine d’Hohenems : amoureux de musique romantique et de paysages de carte postale (avec quelques surprises), vous savez ce qu’il vous reste à faire !
Cette région du Vorarlberg, appelée Bregenzerwald (« Forêt de Bregenz ») réserve d’autres surprises architecturales: à Krumbach, par exemple, la municipalité de cette simple bourgade rurale à eu l’audacieuse idée de confier à des cabinets d’architectes internationaux le soin de réaliser ses… arrêts de bus en échange d’un accueil dans la région. Le résultat, qui va du loufoque au poétique en passant par le brutaliste, se découvre en suivant la ligne de desserte locale !
Un peu plus loin, à Andelsbuch, les artisans régionaux ont fait construire un remarquable show-room de bois et de verre dû au Suisse Peter Zumthor (auquel on doit également le KUB de Bregenz), où sont présentées des expositions temporaires et vendues les productions du cru: objets mais également produits du terroir dont une sélection d’excellentes charcuteries et fromages qu’il est fortement recommandé de goûter!
Les producteurs ont d’ailleurs créé un groupement appelé Käsestrasse (« Route du fromage ») dont l’une des vitrines emblématiques est le Käsekeller (« Cave à fromages ») de Lingenau, bâtiment ultramoderne offrant une vue étourdissante sur la salle d’affinage, ainsi qu’une boutique et un espace de restauration, accessibles de plain-pied. Vous en ressortirez incollable sur les nuances entre le bergkäse au goût d’alpage, et le schnittkäse plus jeune, entre autres saveurs typiquement alpines que vous pourrez ramener chez vous…
Côté loisirs hivernaux, le ski règne évidemment en maître, mais dans une version familiale qui laisse la place à d’autres activités, notamment au sein des hôtels et résidences dont les prestations thermales peuvent être très luxueuses (l’accessibilité n’y est pas toujours optimale mais l’aide ne fait jamais défaut) et d’où l’on peut commander, par exemple, une très romantique balade en traîneau tiré par des chevaux. Sur les pistes, les équipements sont adaptés et le personnel formé à l’accueil des handiskieurs, de même que celui des écoles de ski, mais il vous faudra pourvoir vous-même à l’équipement. Le plus simple, si vous ne venez pas avec le vôtre, est de faire appel à Alois Praschberger, ex-champion paralympique dont l’entreprise de matériel adapté est basée dans le Tyrol mais qui dessert toutes les Alpes autrichiennes à des tarifs on ne peut plus raisonnables. Le plateau de Sulzberg est une bonne destination pour le ski nordique, avec deux belles pistes de 3km et 4km; les moniteurs, ici, sont également formés à l’accueil des personnes déficientes visuelles. Quant aux amateurs de sensations fortes, ils seront à la fête au sommet du domaine du Diedamskopf, accessible (avec aide) par téléphérique, où une terrasse panoramique, à plus de 2.000m d’altitude, domine un paysage remarquable ! On peut y skier, bien sûr, mais aussi se contenter de jouir du spectacle en dégustant des spécialités locales : le choix vous appartient !
Jacques Vernes, janvier 2016.
Sur le web, le Vorarlberg a mis en place un site spécifique en français qui permet de préparer un séjour dans ses moindres détails, été comme hiver. La partie réservée au tourisme adapté n’est malheureusement disponible qu’en allemand (idem à la fédération Handisport du Vorarlberg) mais vous pouvez contacter l’Office national du tourisme pour toute demande spécifique, ou le Service Info Vacances 0800 941 921, qui renseigne en français et envoie gratuitement toute la documentation sur le Vorarlberg.