À deux heures et demie de Paris, la Seine-Maritime (dont nous avions présenté quelques aspects en 2006) est une destination bien connue des Franciliens, qui y passent fréquemment leurs week-ends. Splendides en tout temps (y compris sous la pluie !), la côte normande et son arrière-pays offrent de multiples opportunités de découvertes et de séjours souvent peu onéreux hors-saison. L’atmosphère familiale, détendue, rend en outre les vacances d’autant plus agréables que l’accessibilité au public handicapé s’y développe, notamment à la faveur de nouveaux aménagements. Bien desservie en autoroutes et transports en commun, la région est une destination commode et confortable : la preuve en quelques exemples.
Au nord de la Seine-Maritime, Le Tréport est une station balnéaire réputée dont les falaises de craie et les galets inspirent depuis longtemps artistes comme simples visiteurs. Fondée au Moyen-Âge mais réellement développée au XIXe siècle grâce au goût du roi Louis Philippe (1773-1850) pour les bains de mer, la cité a connu ses heures de gloire durant la Belle-Époque, avec la construction de magnifiques demeures dont quelques-unes, du côté de Mers-les-bains, ont échappé aux bombardements de la Seconde guerre mondiale et valent réellement le détour. Stationnement réservé au bout de l’esplanade. Mais la star du Tréport, présente depuis le début du XXe siècle malgré quelques éclipses, c’est son funiculaire, revampé et automatisé dans les années 2000 : il est gratuit, ultramoderne, parfaitement accessible, et ouvre sur un panorama à couper le souffle qui permet d’embrasser du regard une très vaste portion de littoral. Restauration de plain-pied possible au sommet. Si l’envie vous saisit de conquérir les flots, rapprochez-vous de l’association Sensation Large, qui dispose d’un voilier adapté et organise de fréquentes sorties en mer.
En périphérie du Tréport, le château d’Eu est une splendide demeure Renaissance « modernisée » au XIXe siècle par l’architecte Viollet-le-Duc et actuellement occupée en partie par la mairie. Seul son rez-de-chaussée est accessible en fauteuil roulant (l’étonnant ascenseur à traction manuelle ne fonctionne plus, dommage !) mais les amateurs d’Histoire y retrouveront la trace du roi Louis-Philippe et de ses invités, la reine Victoria notamment, dans un riche décor qui laisse la part belle à l’imagination. Ne manquez pas l’imposante berline du roi Jean V de Portugal et faites un tour dans les jardins, qui sont très agréables et offrent un autre point de vue sur le château. Une tablette, disponible à l’accueil (pavillon d’avant-cour) permet aux visiteurs qui ne peuvent gravir l’escalier de découvrir les pièces de l’étage. Stationnements réservés à proximité.
À une trentaine de kilomètres de là, retour sur la côte à Dieppe. Cette cité vivante d’environ 30.000 habitants a connu bien des vicissitudes depuis sa fondation au Xe siècle par les Vikings : âprement disputé pendant plusieurs siècles par la France et l’Angleterre, le port se développe pendant la Renaissance, avec les grands explorateurs. Bombardée par les Anglo-Hollandais puis reconstruite une première fois à la fin du XVIIe siècle, la ville s’ouvre au tourisme balnéaire au XIXe dont elle devient une capitale au tournant du XXe, avec la venue de nombreuses personnalités de la politique et des arts. Les bombardements de la Seconde guerre mondiale, qui culmineront avec la désastreuse Opération Jubilee (1942), outre les nombreuses victimes, seront fatals à la plupart des bâtiments jouxtant le bord de mer. Lequel offre désormais de vastes espaces dédiés aux loisirs ou à la promenade, aisément praticables en fauteuil roulant. C’est notamment là que se tient, tous les deux ans, le célèbre et spectaculaire festival international de cerf-volant.
Si le château médiéval, miraculeusement préservé, est inaccessible en fauteuil roulant (mais la vue depuis la falaise vaut le coup d’oeil), le reste de la déambulation en ville ne manque pas d’attrait, surtout dans la partie piétonnière. Seul bémol : les stationnements réservés sont rares et pris d’assaut. Pour mieux appréhender la ville et son histoire économique, en sus des visites proposées par le service du Patrimoine, rendez-vous à l’Estran cité de la mer, où une muséographie ludique permet de découvrir les rapports que Dieppe entretient depuis toujours avec le grand bleu, que complètent des aquariums consacrés à la faune locale. Accès de plain-pied et ascenseur. Autre lieu en rapport avec la mémoire, l’ancien théâtre municipal transformé en Mémorial du 19 aout 1942 : un espace aussi surprenant qu’émouvant, animé par un groupe de bénévoles passionnés, qui met l’accent sur le sacrifice consenti par les milliers de soldats alliés, principalement Canadiens, venus mourir ici pour un idéal. Prenez le temps de lire et d’écouter les témoignages, ils sont bouleversants. Accès de plain-pied.
À une trentaine de kilomètres de Dieppe, sur le littoral cauchois, Veules-les-Roses la bien nommée compte à très juste titre parmi les plus beaux villages de France. Ce hameau de pêcheurs et de cultivateurs de cresson a longtemps vécu discrètement, humblement, subissant les aléas de l’Histoire à l’instar de ses grandes voisines, jusqu’à sa « découverte », au XIXe siècle, par les premiers touristes en provenance de Paris, majoritairement des artistes et écrivains dont les incontournables Alexandre Dumas fils et Victor Hugo. Il faut avouer que l’endroit est rien moins que charmant, avec ses maisons typiques pieusement restaurées, ses vieilles rues, sa charmante église (accessible) à plafond peint et piliers de granit sculptés, ses moulins et le petit fleuve côtier qui le traverse; sans oublier les fleurs, bien sûr, qui irisent et embaument l’atmosphère ! Spécialité locale à découvrir, un camembert fabriqué dans la pâtisserie locale… La déambulation dans le bourg en fauteuil roulant est parfois compliquée par les pentes et quelques pavés mais les amateurs de pittoresque oublieront vite ces désagréments, surtout en basse saison, quand les flots de visiteurs se sont taris. Attention : stationnement réglementé (une partie du village est piétonnière), emplacements réservés sur le parking des Cressonnières, au plus près de l’accès principal.
Achevons cette escapade à Fécamp, plus à l’ouest sur la côte en direction d’Étretat. Cet ancien port morutier, un temps le plus important de France, s’est désormais tourné vers la pêche côtière et la plaisance. Le meilleur moyen de découvrir cette histoire tumultueuse est de se rendre au tout nouveau musée des Pêcheries, bâtiment à la fois moderniste et contemporain, parfaitement accessible, inauguré fin 2017. Aménagé dans une ancienne sècherie de morue, au coeur du port, son architecture audacieuse en fait un signal visible de loin; sa verrière belvédère offre d’ailleurs un splendide panorama sur la ville et la Manche. Ses très riches collections, qui regroupent celles de plusieurs musées dont celui des Terre-neuvas, permettent notamment de vivre l’épopée des gens de mer, des origines à nos jours, grâce à une muséographie particulièrement inventive qui laisse place à l’émotion et offre à tous les publics, y compris handicapés, la possibilité d’y trouver leur compte : une vraie réussite ! Les amateurs de beaux-arts et d’ethnographie ne sont pas oubliés, avec de vastes sections consacrées à ces thèmes.
Découvrir la ville après cette visite permet de mieux en appréhender la très riche histoire, qui débute à l’époque romaine. Prenez le temps d’égarer vos pas ou vos roues dans l’imposante abbaye bénédictine, joyau du premier art gothique miraculeusement préservé de la folie des hommes, où reposent quelques ducs de Normandie et qui fut un centre de pèlerinage du Précieux-sang. La calme austérité qui règne sous ses voûtes, où filtre la lumière des vitraux anciens, est des plus apaisantes. Stationnement réservé sur la place du Général-Leclerc, à côté de l’entrée de l’Hôtel de Ville, par lequel se fait l’accès adapté aux heures ouvrables. Bénédictine aussi, la célèbre liqueur qui fit la fortune de son inventeur, au XIXe siècle. L’étourdissant palais néo-gothique qu’il fit construire héberge un musée multithématique qui, après des années d’attente, vient enfin de se rendre accessible : histoire de la liqueur, bien sûr, mais également art médiéval et contemporain ainsi que gastronomie attendent le visiteur (cave et fabrication inaccessibles). Sachez enfin, si vous préférez la mer à la terre, que l’association Norm handi mer propose des sorties sur un voilier ultramoderne de 12m en groupe ou individuel : largement de quoi remplir ses poumons et ses mirettes !
Jacques Vernes, octobre 2018.
Sur le web, le site de l’Office de tourisme de Seine-Maritime, très complet, permet de préparer séjour et activités en toute simplicité, que ce soit pour un week-end ou un séjour plus long. Les indications d’accessibilité figurent dans les différents choix de la rubrique « Je choisis ». Consultez également cette page sur le site de la Coordination Handicap Normandie.