Nîmes : plus de 2.800 ans d’histoire. Créée au bord d’une source divinisée par la tribu celte des Volques Arécomiques, la colonisation romaine du premier siècle avant notre ère a structuré la cité dont quelques bâtiments ont traversé les siècles, constituant aujourd’hui ses attraits majeurs.
C’est en effet à Nîmes que l’on peut admirer et visiter les Arènes romaines les mieux conservées de France, jusqu’aux fixations de poteaux du velum qui couvrait les gradins ; 2.000 ans plus tard, on ne sait toujours pas recréer le fonctionnement de cette protection contre le soleil ! Si l’enceinte est en cours de restauration, celle-ci est plus respectueuse qu’à Arles où des parties semblent démoulées de frais… Les visiteurs peuvent parcourir les galeries, apprécier au toucher une hypothèse de reconstitution sur une maquette tactile, visiter un petit musée évocateur puis accéder au bas des gradins, sur une vaste plate-forme construite pour assister aux corridas. Qu’on aime ou qu’on la déteste, la tauromachie marque toujours la vie locale, notamment lors des ferias.
Cultures taurines que vous ne pourrez toutefois pas découvrir dans le musée éponyme : d’abord installé dans un immeuble inaccessible, il a été transféré en 2002 dans un immeuble… inaccessible ! Seul témoignage qui vous sera offert, l’émouvante statue, plus grande que nature, du célèbre matador Christian Montcouquiol alias Nimeño II, rendu tétraplégique lors d’une corrida, ce qui l’a conduit au suicide deux ans plus tard. Le sculpteur a su restituer le désespoir d’un homme qui ne pouvait plus toréer, le regard fixé sur une cape désormais immobile.
A quelques pas de là, on peut embarquer dans un petit train touristique pour découvrir la ville ancienne, ses principaux monuments et son canal symbole de la désastreuse et meurtrière inondation du 3 octobre 1988 ; une stèle rend ici hommage aux victimes. Déambuler ensuite dans les rues étroites et piétonnes s’avère agréable : pas de pavés ici mais des dalles roulantes et confortables qui conduisent jusqu’à la Maison carrée… qui est rectangulaire. Soigneusement restauré, ce temple forum dédié à l’empereur Auguste est d’une monumentalité mise en valeur par une vaste place laissant apprécier la finesse de ses chapiteaux, l’élégance de son architecture. Hélas, pas d’accès à l’intérieur, utilisé pour diverses expositions.
De l’autre côté du boulevard, un autre Carré, mais dédié à l’art contemporain celui-là, haut immeuble de verre et acier conçu au début des années 90 par l’architecte Norman Foster dans un style qui n’entre pas en conflit avec son environnement. Bâti sur l’emplacement de l’imposant Théâtre municipal détruit par incendie en 1952 (sa colonnade néo-antique orne l’aire d’autoroute de Caissargues), il présente essentiellement des expositions temporaires, sans offre de visites adaptées aux touristes et individuels. On se consolera sur son toit-terrasse offrant un beau panorama sur la maison carrée, outre son restaurant labellisé Tourisme et Handicap, le seul de la cité gardoise.
En poursuivant derrière ce musée par la rue Gaston Boissier, puis en longeant le canal vers l’ouest, vous arriverez aux jardins de la Fontaine, site fondateur de la Namausikabo celte. Au sommet, inaccessible en fauteuil roulant, la tour Magne fut bâtie par les romains sur le temple celte. Dans les jardins, ce n’est pas un prétendu temple de Diane que vous verrez mais une bibliothèque antique dans laquelle on peut entrer avec un peu d’aide. Du temple dédié à Auguste ne demeure que la base cernée d’eau. On peut prendre le frais sous les grands arbres qui agrémentent une partie des jardins, parenthèse agréable dans un espace par ailleurs très minéral.
En revenant dans l’intra-boulevard, vos pas ou roues vous conduiront vers le Théâtre Bernadette Lafont (l’une des Nîmoises célèbres), place de la Calade (sans calade, heureusement), l’un de ceux qui proposent chaque saison quelques spectacles avec audiodescription ou Langue des Signes Française. Rénovée à la fin du siècle dernier, sa salle à balcon unique fait penser à un cinéma. Au gré des rues piétonnes, vous éviterez l’inaccessible musée du Vieux Nîmes dont le projet de rénovation tarde à être lancé et dont les visites mensuelles en Langue des Signes Françaises ont été supprimées depuis la crise sanitaire, pour arriver place du marché dont le palmier est chauffé l’hiver (très écologique) puis vous poursuivrez jusqu’à l’Hôtel de ville ou vous trouverez ses inséparables compagnons : deux crocodiles suspendus dans l’escalier…
Un crocodile attaché à un palmier constituent en effet l’emblème de la cité, créé par des légionnaires romains, que l’on retrouve sur des monnaies et les clous marquant au sol le parcours de visite touristique, ainsi qu’au musée de la Romanité, sur une monnaie antique. Un musée parfaitement accessible, lui, avec une muséographie adaptée aux visiteurs déficients visuels. Ustensiles, sculptures, mosaïques spectaculaires sont au programme de cette exploration de la présence romaine. Son toit-terrasse panoramique, avec restaurant, offre une vue imprenable sur les arènes : la boucle (romaine) est bouclée !
Jacques Vernes, octobre 2022.
L’office de tourisme, accessible par l’arrière rue Jean Reboul, propose un guide d’accessibilité en français simplifié ; il héberge le Centre d’interprétation du patrimoine (CIAP) dont la carte vidéo constitue une excellente introduction visuelle à la visite de la ville. Nîmes est candidate à l’obtention de la marque Destination pour Tous pour son centre ancien mais sans site touristique ou culturel ni hôtel labellisé Tourisme et Handicap, son dossier a peu de chances d’aboutir…