A voir les douces pentes verdoyantes des monts qui longent Clermont-Ferrand du nord au sud, on peine à imaginer qu’il y a 9.000 ans un volcan était ici encore actif ! Ce volcanisme aujourd’hui éteint a sculpté le paysage pendant 90 millénaires, laissant une centaine de puys dont certains très célèbres. Tel le puy de Dôme, dont le département a pris le nom, et que l’on peut aisément parcourir en empruntant le train à crémaillère accessible Panoramique des Dômes qui remplace depuis 11 ans l’accès par route à péage. Juste retour en grâce puisque les Clermontois et les touristes du début du 20e siècle pouvaient accéder au sommet en train depuis le coeur de ville !
Là-haut, à 1.400 mètres d’altitude (prévoir de se couvrir, même en été) les visiteurs jouissent à perte de vue d’un magnifique panorama sur la chaîne des puys, Clermont-Ferrand, la faille de Limagne, avec une bonne accessibilité. Ceux qui sont handicapés moteurs ne pourront toutefois pas accéder au temple romain dédié à Mercure, en chantier de reconstitution, bâti au pied de l’émetteur de télévision et de ses installations militaires. Toutefois les terrasses, dont celle du bar panoramique accessible par élévateur, sont sans obstacle à hauteur de fauteuil, ce qui n’est pas si fréquent. Un espace d’interprétation apporte des informations sur la géologie et la topographie du site qu’avec de bons pousseurs on peut également parcourir sur des chemins cimentés pentus qui font le tour du sommet. Enfin, en fonction des conditions météo, le spectacle des nombreux parapentistes (dont du tandem adapté) ravira les amateurs de glisse aérienne.
Autre panorama sur la plaine de Limagne depuis le musée de Gergovie, vers l’est et les Alpes que l’on aperçoit par beau temps. Gergovie : un nom de victoire hélas éphémère de « nos ancêtres les Gaulois » qui triomphèrent ici de l’envahisseur Romain conduit par Jules César. Cette histoire du premier siècle avant notre ère, le musée en relate les grandes phases, de l’implantation des Arvernes sur l’oppidum, à la bataille puis, après la défaite des Gaulois de Vercingétorix quelques mois plus tard à Alésia, l’assimilation à la Romanité. Outre une très bonne accessibilité du bâtiment d’architecture contemporaine recouvert d’acier Corten, ancré à flanc de coteau (stationnement réservé à quelques mètres de l’ascenseur), de nombreuses maquettes tactiles parsèment les salles pour présenter la topographie du territoire, restituer l’habitat, exposer la bataille, etc. Des supports tactiles et reproductions d’objets, dont des monnaies, sont à la disposition des visiteurs déficients visuels, mais les visites spécifiques ne sont ouvertes qu’aux groupes constitués.
Montferrand sans Clermont
Si les amateurs de rugby connaissent Montferrand et situent cette cité fondée au 12e siècle, la plupart des gens ignore qu’elle fut autonome jusqu’à son rattachement à sa voisine Clermont par édits royaux des 16e et 17e siècles. C’est sur son territoire que la famille Michelin a implanté, à la fin du 19e siècle, sa première usine de fabrication des pneumatiques inventés par les frères André et Édouard. Cette saga familiale et ses inventions sont racontés au sein du musée de l’Aventure Michelin (guidage podotactile, objets tactiles, visioguide LSF, livret FALC, cannes sièges et fauteuil roulant prêtés) avec, dans l’entrée, une magnifique Micheline, autorail sur pneumatique modèle 1952 dont deux sont encore exploités à Madagascar. Vous y découvrirez comment une petite entreprise familiale au bord de la faillite est devenue une multinationale identifiée partout dans le monde par son personnage emblématique, Bibendum. De nombreuses machines étonnantes montrent l’ingéniosité déployée, telle une Citroën DS à 10 roues dite « la mille-pattes », pour affronter une rude concurrence sur un marché mondialisé. Bordé par les usines historiques désormais fermées, dont les bâtiments sont progressivement remplacés par des logements, bureaux et locaux universitaires, l’Aventure Michelin constitue le totem d’une entreprise qui a fait vivre une grande ville, avant d’implanter l’essentiel de sa production ailleurs.
Bien qu’il ne reste rien des fortifications du « mont fier », le centre de Montferrand, au plan hippodamien, conserve quelques bâtiments anciens remarquables, telle l’amusante maison de l’apothicaire : au sommet du pignon, un médecin armé d’un clystère poursuit un patient pour le lui administrer ! Hélas, lassés des trop nombreux visiteurs, les habitants de la plupart des vieux immeubles n’en ouvrent plus les cours, ce qui est bien regrettable. On peut s’en consoler en visitant le musée d’art Roger Quilliot qui rassemble depuis 30 ans les collections locales de peinture et sculpture.
Ou s’imprégner de l’autre pôle d’attraction de cette cité : le rugby incarné par l’Association Sportive Montferrandaise (le M signifiait Michelin à sa création en 1911 et jusqu’à l’interdiction des marques dans le sport en 1919). Reconstruit et agrandi progressivement depuis les années 1990 et 2000, son stade Marcel Michelin de 19.000 places dispose d’un musée dédié au club, et se visite de la pelouse aux loges VIP, en passant par les vestiaires, pour une immersion dans l’histoire d’un club aussi apprécié de ses fans pour ses victoires que pour ses défaites…
Clermont la noire
C’est étonnant combien les légendes sont tenaces : Clermont a la réputation d’être une ville noire du fait de la pierre (que les locaux disent grise) employée pour construire la cathédrale et des maisons anciennes. Cette pierre de Volvic noircit en effet à l’air libre, alors que la ville a d’abord été bâtie en pierre blonde de Montpeyroux lui valant le nom de… Clairmont ! C’est avec cette pierre que fut bâtie la basilique romane Notre-Dame du Port, ornée de nombreux modillons et chapiteaux sculptés. Nettement plus ancienne que sa voisine monferrandaise, la cité a été fondée à l’époque gallo-romaine en hommage à Auguste : Augustonemetum. Ville alors très peuplée, elle a été fortifiée au Moyen-âge autour de la butte sur laquelle demeure aujourd’hui la cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption construite de 1248 à… 1902 ! Outre sa masse grise dominant la ville, elle a la particularité d’avoir conservé une dédicace révolutionnaire à l’Être Suprême sur le tympan de son portail nord. Insolite également, la fontaine d’Amboise en pierre de Volvic dont les personnages urinent ou vomissent (de l’eau !) surmontés de deux sauvages. A voir également, rue des Chaussetiers, les anciennes échoppes et hôtels particuliers dont celui de Savaron avec deux autres sauvages sculptés au-dessus de la porte de l’escalier. Clermont se prête à la promenade le nez en l’air, à la recherche des détails d’intérêt malgré des rues parfois pentues, et quelques pièges d’inaccessibilité tendus par la voirie récente du pourtour de la cathédrale.
Au coeur d’un volcan
A une quinzaine de kilomètres à l’ouest, vous pourrez vivre une expérience aussi unique qu’inoffensive : descendre au coeur d’un double volcan, celui de Lemptégy. En visite guidée à pied ou en petit train (accès fauteuil roulant à l’arrière ou sur les côtés, selon le modèle), vous découvrirez la structure de ce petit volcan actif il y a 30.000 ans, et exploité pour extraire la pouzzolane utilisée en jardinage et construction. La visite en petit train parcourt le pourtour du cratère, afin de bien identifier les deux cheminées du volcan, puis descend en son coeur pour en dévoiler les différentes strates de matériaux remontés des profondeurs de la Terre. En cherchant bien, avec l’aide du guide, vous pourrez repartir avec un échantillon de lave intégrant un bout de granit arraché au manteau terrestre ! Les installations sont aisément accessibles, avec en début de visite un espace d’interprétation et de connaissance de la géologie du site, et à la fin deux attractions dynamiques ; la première, l’Express Volcan, est accessible (dans un wagon défile par les fenêtres un film survolant les volcans auvergnats en plein réveil), mais pas la seconde en 3D qui nécessite de se transférer sur un siège qui vous secouera en tous sens…
Si vous en redemandez, rendez-vous à quelques centaines de mètres à Vulcania, à la fois parc familial d’attractions à sensations et lieu de connaissance du volcanisme et de l’Univers ; à cet égard, ne ratez pas le planétarium, le plus grand de France semble-t-il, récemment ouvert dans un bâtiment annexe. Planifiez votre journée en avance pour ne rien rater (parking accessible et restauration possible sur place). Selon vos goûts, vous irez vers les attractions dynamiques (une seule, Abbyss, accessible en fauteuil roulant) ou l’apprentissage scientifique, tout en espérant qu’un jour prochain les volcans d’Auvergne ne se réveillent pas pour de bon !
Jacques Vernes, juin 2023.
L’office de tourisme de Clermont-Ferrand propose des pages d’information sur les lieux, activités, hébergements, restaurants et transports accessibles, et vous apportera au besoin des conseils personnalisés.