Connu en France sous l’appellation Cécifoot, ce sport pour mal et non-voyants porte le nom de Football à 5 pour déficients visuels. Il est joué dans des règles proches du football valide sur un petit terrain par deux équipes de quatre joueurs de champ et un gardien de but; l’intérieur du ballon contient des grelots afin de pouvoir le repérer au son et l’entraîneur guide ses joueurs à la voix depuis le bord du terrain. Les malvoyants portent un masque opaque sur les yeux.
Pour la première fois, ce football participait aux Jeux Paralympiques qui se sont déroulés à Athènes du 17 au 28 septembre 2004. « La discipline a attiré de nombreux spectateurs, raconte Julien Zéléla, Directeur technique fédéral du Cécifoot à la Fédération Française Handisport. Ils ont été séduits par notre football, ils sont revenus à d’autres matches, beaucoup ont assisté à tous. Parfois, les organisateurs ont refusé du monde. Je n’ai pas vu les tribunes [Julien Zéléla est aveugle N.D.L.R] mais on m’a dit qu’elles étaient bien remplies, j’estime qu’il y avait au moins un millier de spectateurs à chaque match ».
Six pays étaient en compétition, avec la part belle aux nations traditionnelles du football valide, présentés ici dans leur classement final: Brésil, Argentine, Espagne, Grèce, France, Corée du Sud. « Toutes les équipes se sont affrontées au rythme pour chacune d’un match tous les deux jours. Le programme de la discipline comportait trois rencontres chaque jour. J’ai ressenti une très bonne ambiance à Athènes, en allant aussi assister à d’autres compétitions, en natation par exemple »…
« De nombreux volontaires aidaient aux déplacements des personnes handicapées, ils étaient à l’écoute, et si les sites des diverses compétitions étaient éloignés les uns des autres, des transports adaptés et modernes les desservaient. Les installations étaient belles, c’est une réussite. Le public était bon enfant ».
Le parcours de l’équipe de France n’a pas été facile, elle a notamment buté sur une équipe grecque peu fair-play. « En faisant match nul contre eux, les grecs nous ont barré l’accès au match pour la médaille de bronze. La rencontre s’est mal déroulée, comme la plupart de celles que l’équipe grecque a disputées: contestations des décisions de l’arbitre, altercations volontaires, coups, leurs joueurs n’ont pas ‘encaissé’ le premier but que nous avions marqué. Ils ont donné une mauvaise image de notre sport. L’entraîneur grec a d’ailleurs été exclu de la compétition lors du match contre la France, et il pourrait être sanctionné par les instances internationales ». La première participation française a été acquise in extremis, du fait de la disqualification en avril dernier de l’équipe de Grande Bretagne: le Comité International Paralympique n’a pas retenu une composition multinationale comportant des anglais, gallois et écossais.
L’équipe de France de Cécifoot a donc été appelée mais seules 10 places étaient disponibles dans la délégation des Jeux Paralympiques : six joueurs de champ, deux gardiens de but et deux entraîneurs ont pu l’intégrer et loger au village olympique, Julien Zéléla s’est retrouvé à l’écart, installé dans un hôtel du centre d’Athènes. De ce fait, il a rencontré de multiples difficultés pour travailler, ne pouvant accéder au banc de touche et aux vestiaires, obligé de contacter ses joueurs par téléphone. Malgré ces conditions difficiles, Julien Zéléla estime que l’équipe française a fait un bon parcours : « Pour nous, c’est une très belle expérience sportive. Je l’ai dit aux joueurs et au staff, vivre les Paralympiques c’est peut- être une seule fois dans sa vie. Ils ont tout donné, ils sont allés jusqu’au bout d’eux- mêmes. On a le regret du match nul contre les Grecs, mais on a pu mesurer l’écart qui nous sépare des grandes nations, le Brésil et l’Argentine. Cela nous conduit à nous projeter dans l’avenir, pour cela il nous faut des moyens pour travailler plus souvent ensemble, réunir davantage l’équipe de France ».
Julien Zéléla travaille depuis deux ans à l’élaboration d’une convention entre la Fédération Française de Football et la Fédération Française Handisport qui est décisionnaire. Il s’agirait de s’appuyer sur les installations et les techniciens du football pour faire progresser l’entraînement des déficients visuels et améliorer la promotion du Cécifoot. Mais là, la balle n’est plus sur le terrain, elle est dans le camp des dirigeants sportifs…
Laurent Lejard, octobre 2004.