L’information est tombée le 7 avril dernier via un communiqué d’une poignée de lignes : « L’Agefiph annonce le départ de Didier Eyssartier de ses fonctions de Directeur général. Nous saluons son engagement depuis 2016 et lui adressons nos sincères remerciements. » Départ aussi inattendu qu’inexpliqué. Face à cette nouvelle péripétie de l’association gérant le fonds d’insertion professionnelle des travailleurs handicapés, il était légitime d’en vouloir connaître les raisons : l’argent que gère l’Agefiph n’est pas le sien mais celui des travailleurs handicapés en processus de retour au travail et qui ont besoin d’aides financières dans ce cadre, le législateur l’a voulu ainsi.

La pratique est totalement différente, les organisations siégeant au Conseil d’Administration ayant décidé de conclure un pacte du secret. « Nous avons pris la décision en CA de ne pas commenter le départ du Directeur, justifie une administratrice. Je me conformerai donc à la décision prise et ne ferai aucun commentaire. » Effectivement, aucun des autres membres du CA accepte d’évoquer le sujet. « Les administrateurs de l’Agefiph ne souhaitent pas qu’on en parle, ajoute une syndicaliste. D’autres médias les ont contactés, en vain également. » Côté com’, pas davantage d’explication, ouvrant le plus largement possible les interprétations et hypothèses : incompatibilité d’humeur entre le président désigné en septembre dernier et le DG éjecté, caprice de gouvernance, oukase de l’État dans sa volonté de prise de contrôle, malversations, détournement d’argent, etc., toutes les rumeurs peuvent courir avec la bénédiction de la direction de la communication qui ne sait toujours pas gérer les crises, et la complicité des associations nationales qui se proclament défenseures des droits des personnes handicapées. Aucune ne s’est interrogée publiquement, serrant les rangs avec les syndicats patronaux et de salariés comme autant de larrons en foire composant le Conseil d’Administration de l’Agefiph. Quelque part c’est logique : tous sont abondés financièrement par cette association.

On en a pourtant vu ces derniers mois, entre le climat interne de terreur dans les dernières semaines de la présidence Roth et le fameux « imprévu budgétaire » invoqué pour masquer des prévisions erronées de recettes. Les travailleurs handicapés en ont payé les conséquences au prix fort, des aides étant supprimées ou fortement réduites dans un contexte de récession de l’emploi et de plans massifs de licenciement. Là encore, l’important pour les dirigeants de l’Agefiph était de minimiser et de gérer le silence pour passer la difficulté. Rien d’étonnant à ce que des personnels de cet organisme aient fait grève en février dernier pour protester contre la baisse des effectifs, la dégradation des conditions de travail et une actualisation des salaires de moins du tiers de la hausse des prix. Et pendant ces péripéties, le ministère chargé du Budget lorgne toujours sur les millions de l’Agefiph dans l’espoir d’en détourner quelques dizaines dans les caisses de l’État…

Laurent Lejard, avril 2025.

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